
.............................................................................................................................................Journal d'une pie (extrait)
Te souviens-tu, que nous nous sommes mariées ?
Dans ton journal, tu écrivais cette aventure, c'était en Août 2023.
Le 8, tu relatais le fruit de mon indépendance, et mon initiation à disposer un présent.
Ma présence s'inscrivait ainsi à travers les choses, au gré des chemins et des saisons.
Au-dessus de l'intitulé de ton récit, le caractère de l'esperluette, &.
Un titre évocateur."L'esperluette est un signe typographique élégant, il signifie "et", "avec". L’esperluette est une sorte d'icône, exploitée dans les logos de nombreuses entreprises. C'est aussi le signe d'une alliance, d'un mariage, d'un partenariat. Je déposais cette bague pour ma tutrice, nous voici scellées par un bijou. Je ne savais pas comment lui dire que je souhaitais la remercier. Elle a trouvé mon présent."
Lors d'une giboulée, digne de ce passage d'hiver au printemps, tu as retrouvé ce texte que tu as écrit cet été là, fruit d'une réflexion profonde, toi qui interrogeait les cieux sur la vérité. Un mois merveilleux, celui du soleil, au dernier quartier de la Lune, unique satellite de la planète Terre, se raprochant de la planète Jupiter, en même temps, un mois anodin, de ton point de vue, pas spectaculaire, mais dans la générosité quasi quotidienne d'inventions littéraires partagées, à quand admettras-tu que tu es une écrivain, pas vaine, dis-tu, espiègle, pour allier les arts visuels à l'écrit, jusqu'à l'immatériel connecté, tes photographies, tes explorations d'un milieu naturel, un mariage entre la science, l'art et la littréature, que sais-je ? Un éclat apparent d'une magnitude élevée, mais bien moins que le soleil, évidement.
Pourtant, du point de vue des êtres humains, habitués à être publiés, à être exposés, à être conviés à parler devant d'autres admis des institutions officielles, l'éclat est non apparent. En aparté, tu exprimes tes apartés, telles des répliques de théâtre, et je serai ton personnage sur une scène, un jardin par exemple, sur la branche d'un arbre, qui, par convention n'est entendu que par le public, mais pas, par les autres personnages. Telle une pensée qui éclaire sur les réactions du personnage, moi donc, Pie, mes intentions, mes sentiments. Tout un art d'écrire des récits qui ne sont lus que par certains et certaines, dans un public, lui qui regarde une scène, sans y être intégrés. La scène est celle de ce qui nous est donné de voir. Mais voir ? Bien plus percevoir.Je reste ton étoile qui produit un mariage audacieux, de l'irrationel.
Avant Jésus Christ, une échelle de temps particulière, plus excatement deux siècles avant JC, il est rapporté qu'un astronome grec, Hipparque, avait établi un classement des étoiles, selon leur éclat apparent, ce qui s'observe à l'oeil nu. Six catégories furent déterminées, d’intensités décroissantes, Hipparque les nomme "grandeurs" : une étoile très brillante est de première grandeur, une autre un peu moins lumineuse est de deuxième grandeur, ainsi de suite jusqu’à la sixième grandeur, qui concerne les étoiles les plus faibles, visibles à l’œil nu.
Puis, un autre astronome, bien plus tard, en 1856, oui, c'est très très longtemps plus tard, comme quoi, Hipparque a bien aidé les humains durant des siècles ; donc cet autre astronome, nommé Norman Pogson, va un peu boulerser la sensation d'éclat perçue par l'oeil, dans cette idée de "grandeur", transposée mathématiquement. Mise en équation Pogson invente l'échelle de magnitude, celle que nous utilisons toujours. Comme quoi, des chercheurs astronomes, cela ne courre pas les rues (des humains) Ce qui permet de disposer sur cette échelle, des étoiles que l'on ne voit pas à l'oeil nu. Bim bam Boom !
Intéressant. Notre association divine, ne se voit pas à l'oeil nu. Ainsi ce mois d'Août était très banal, pourtant un éclat non apparent parcourait nos coeurs, ouverts à l'inconnu.
Pour revenir à l'échelle de magnitude, Norman Pogson créé des écarts de magnitude entre deux astres, et un rapport d'éclat. Aussi par des objets invisibles à l'oeil nu mais détectés par un téléscope. Ce qui lui permet de comprendre que l'autre astronome, né deux siècles avant JC, Hipparque, avait sous-évalué l'éclat de certaines étoiles.
Personne ne lui en veut. Les étoiles, elles, ont souvent, été des repères de navigation. Tu as bien enseigné à des étudiants toulousains, cet art de la navigation astronomique des Polynésiens, toute cette peuplade des îles océaniques, d'où tu tires ton pseudonyme, ton nom d'emprunt, Kiwaïda, (du point Nu) quoique, je sais que tu as l'art des hétéronymes à la Pessoa, le poète portugais, pas très connu dans le pays où tu es née, mais une référence, dans celui de tes ancêtres. La navigation astronomique avait été mise au point à la Renaissance par les navigateurs portugais. Observation des astres toujours.J'imagine ainsi que nombres d'étoiles sont bien sous-évaluées, même les plus brillantes.
Bien vus ou mal vus, sommes-nous, et des étoiles, sont-elles ?
Depuis la terre, la fameuse "magnitude" comprend des repères, tels que le Soleil (magnitude -26,8) la Lune (pleine) une magnitude de -12,7, et l'Étoile Polaire : 2. La magnitude limite de l'oeil nu, est de 6.
Pour complexifier ces échelles, il y en existe plusieurs, de magnitude (apparente, absolue, surfacique)
Si les astronomes pensent maîtriser l'éclat des étoiles, à présent, il s'avère toujours délicat de le mesurer, tant les atmosphères sont diverses, de nuages de gaz ou de poussières.
Je tergiverse, mais voici que le sujet est ton texte précieux, qu'il fut écrit lors du mois d'été, où tu as trouvé une bague, enfin un objet avec un éclat apparent, puisque son éclat visible à l'oeil nu, t'a de suite attiré. Un vrai bijou.
Il ne nous appartient pas. Comme tout ce qui vient du ciel.Oui, je suis une pie, tout ce qui brille attire mon oeil, pensent les humains. Mais, c'est faux. Errare humanum est...
Mais, comprenons-nous bien, ce qui brille à l'oeil nu des êtres humains, n'est pas ce qui brille pour moi.
Ni toi d'ailleurs. Il y a ce qui brille, et qui demeure invisible à l'oeil nu.
*
Voici ce texte si précieux, un bijou philosophique :
La sincérité résorbe l'opacité des consciences, bonnes ou mauvaises, elle rend justice là où l'équité ne rendait plus rien. Restaurer les vestiges passés, en recueillant les cristaux innocents, un à un, sur le sable du temps présent. Le déplaisir reçu de la sincérité du vaillant petit personnage que je suis, une pie, atténue le mépris du petit. Je tends l'arc de l'humilité afin de tenir de chaque extrémité les jumeaux, l'orgueil et le mépris. Je tire très fort en plaçant ma flèche, elle se nomme, respect, faisant de ma cible un dénuement qui force l'admiration. S'oubliant elle-même, la cible accède au respect, cet inconnu, qui me place, l'aiguilleuse, sur le cap des courages. Tous les jours, je courre vers une grâce, de rituels en distractions, j'inspire à l'amour des impossibles, je conjugue le privilège et l'absurde par ma présence volatile qui soulage et allège la douleur de mes attachants êtres humains.
Je suis une vérité sur pattes, j'apporte l'ambition ultime, le vol, ce que l'air a sublimé de la terre. Regarde-moi, l'humaine, je me fous de tout, plus rien n'est grave ni n'a autant d'importance, la vérité n'exige pas plus que la vérité. Je ne supplie personne de me croire, j'apparais et je disparais en toute sincérité, avec une certaine forme discrète, sans illusion, ni déception. Mon geste gratuit, celui de vivre, joue des paradoxes, je vais contre les opinions, sans être un scandale car je n'humilie personne, mais je choque le sens commun. Je ne suis pas commune et ma relation aux êtres humains est peu commune, tout comme l'est ma tutrice. Être ici devient un aveu, être confesse. Je ne veux pas d'icône, je ne veux pas être un culte, je ne veux rien qui me représente, je ne veux pas d'interprète. Être idolâtrée serait humiliant, face à la légèreté que je porte sous mes ailes, et les brindilles qui me tiennent debout, noires et luisantes. Pourtant me voir c'est vérifier. Est-ce vrai ? Est-ce la vérité ? Oui c'est bien moi, la pie. Quand bien même quelques humains me donneraient la présomption d'innocence de marcher devant eux et dormir sous leurs yeux, je n'en ai pas besoin. Me laisser vivre serait chercher la vérité. La trouver et la laisser s'envoler.
Le matin, lorsque le soleil n'est pas encore arrivé, mais que le ciel désire jouer sa propre partition avec des cumulus, ces nuages blancs éclatants, je savoure le bonheur d'être en vie. Il n'y a pas de température élevée, il n'y a pas d'humains, les habitations sont noires, elles ne sont que des ombres et ne disent rien de mal. Je ne suis qu'un vol digne de la vie, je n'ai encore croisé aucune âme meurtrie, ou malade, je ne côtoie que les créateurs, ou bien la création elle-même, comme si un premier jour naissait. Cela me rappelle tant mon premier jour. Auprès de ces cieux, je renais à moi-même, sans aucune rancune des mauvais jours, des difficultés à tenir ma route, mes envolées, sans remord, sans ressentiment, je suis un petit pur, juste un petit vent. Ni ridicule ni niaise, pas encore tendre, car le soleil ne m'a pas attendrie, le petit cœur est noble et respire un grand coup. Sous le soleil, je deviens sec comme un haricot, le bec ouvert, mais je veux bien jouer avec la pomme de pain.
En haut le nid des pigeons chuchote, tout ce qui est petit l'est aussi pour les oreilles.
Répertorié le 24 Août de notre mois de mariage. Heureuse de retrouver ce si beau mois d'Août, tant d'étés d'écritures, à l'ombre des départs et arrivées.
Qui se marie avec une pie ?
Il faut bien dire que cela t'arrange, par son homonymie avec le nombre Pi, la constante d'Archimède, aussi une lettre grecque. La découverte, par ton professeur de mathématique, du nombre Pi, t'avait enchanté, ce nombre irrationnel, toi qui avait l'âge d'une adolescente, la découverte d'une autre dimension venait à point, sauver bien des inconforts, dans des classes surpeuplées d'irrationnalités.
Pi est la seizième lettre de l'alphabet grec (π) elle est utilisée pour représenter en mathématique un nombre spécial.Évidemment, cela t'arrange, les choses bizzares.
Déjà, Pi n'est pas un nombre. Il représente le rapport entre la longueur de la circonférence et son diamètre. Une proportion qui a la particularité d'être constante, c'est-à-dire d'avoir toujours la même valeur quelle que soit la taille de la circonférence. Toi qui aimait l'épicicloïde de ton île, on peut dire que les roues de vélo, sont quelque chose de génial, n'est-ce pas ? Mais moi je vole, c'est mieux ! Et c'est moi Pie ! Pi ?
Dans la géométrie euclidienne, que l'on doit à Euclide (un mathématicien de la Grèce antique, 325-265 av. J.-C.) et qui nous assure qu'une seule droite passe par deux points - la valeur constante de Pi est si particulière qu'elle est irrationnelle. Elle résulte de la division du périmètre par le diamètre, elle ne peut jamais être exprimée comme la division de deux nombres entiers. Si le diamètre d'une roue est une valeur "exacte", sans décimales, l'espace qu'elle couvrira en se retournant, ne le sera pas.
Autre mathématicien, pour l'épicycloïde, une extension de cycloïde, inventé en 1599 par Galilée, du grec epi (sur), kuklos (cercle, roue) et eidos (forme, « semblable à »). La courbe apparaît pour la première fois durant l'Antiquité : Aristote puis Ptolémée l'utilisent pour décrire le mouvement des planètes dans leur modèle géocentrique.
Je tergiverse, nombre de détours, afin de revenir à ce bijou, dont la forme sculptée est le signe &, "et" : cette liaison symbolisée par le caractère de l'esperluette. Il y a de l'éclat apparent si l'on observe le bijou en argent, mais l'union, est invisible à l'oeil nu.
Est-ce que cela veut dire, qu'il y a un rapport avec les mathématiques dans notre rencontre ?
Une forme irrationnelle ?
π ≈ 3,14159 26535 89793 23846 26433 83279 50288...
Et, cela ne s'arrête jamais !
La science tente de faire la démonstration, mais le coeur des êtres, dément toute démonstration comme preuve de notre existence, et de notre présence stellaire.
Puissions-nous imaginer des mariages stellaires, autant que de rencontres irrationnelles sur terre ?
Le spirituel n'est pas irrationnel, qui lui n'est pas raisonnable, ni logique, mais nous sommes bien obligés de considérer cette notion de façon distincte de la matière. Il peut co-exister, par exemple, une parenté entre deux esprits, une parenté d'âme, comme deux écrivains. Je peux esquisser l'hypothèse, entre l'animal et l'humain, d'une parenté spirituelle, sans équivoque.
S'il y a bien un rapport entre spiritualité et religion, distingués de la matière, toutes deux, ces notions sont différentes.
Aux confins du spirituel, nous sommes touchés par un sentiment intense, celui de la compréhension des choses, qui montre un chemin, cela inspire la vie même (spiritus) Ce sentiment ne peut que se vivre.
Dès lors, on peut faire une expérience mystique, liée donc au mystère, comme on dit : le mystère de la vie.
La religion, ou, les religions sont soutenues par des dogmes, avec des rites qui ordonnent le lien entre l'humain et le sacré. Elles sont soumises à la volonté des êtres humains, qui les imposent.
La religion et le spirituel sont tous deux initiateurs d'expériences mystiques, afin de mieux comprendre la réalité et la partie de l'être en nous la plus profonde, cette conscience qui parle du divin.
La société humaine aujourd'hui a quitté le spirituel, et les humains sont confrontés sans cesse à des absurdités. Ils perdent le sens de la vie. L'expérience du silence et de la contemplation ne sont plus valorisés. Tandis que le bruit est un outil politique et de mobilisation des masses, parasitages et propagandes, tous les outils sont proposés, comme les intelligences artificielles, dernier dada humain, pour troubler et fabriquer les illusions nécéssaires à la productivité humaine. On peut ainsi penser que cette production d'illusions immatérielles, remplace le spirituel, puisqu'elle se propose d'être un soutien à l'activité de penser, une activité mentale et intellectuelle. Elle se propose aussi de remplacer les efforts de mémoire des êtres humains, donc d'anéantir même les facultés mentales, et de calculs et d'intelligence. Car le moindre effort est convié, toujours plus.
Le moindre effort est donné comme une évolution de l'espèce humaine.
Ce qui pose (déjà) quelques problèmes. Les conservatismes sont convoqués sans cesse.
Sont méconnues les durées de vie écourtées, des identités machines, à l'égard de leur croissance exponentielle. Un dada remplaçant un autre, c'est une course de chevaux, où les jockeys rient jaune, pour faire un clin d'oeil à un de tes dessins des incognitos, qui n'était pourtant pas jaune, mais à l'encre de Chine noire. Son sourire représente bien cette expression forcée, qui cache un désagrément, plus ou moins fort.
Gouvernés par ce que l'on ignore, tel sera mon théorème coucher de soleil.
Déjà la nuit et les étoiles, aux éclats apparents me font oublier, pour quelques heures. Quoique mon sommeil va consolider ma mémoire et intégrer les nouveaux souvenirs du jour.
Tout cela apparaîtra, plus tard, dans le long terme. Dormir est une étape vers de nouveaux apprentissages de nouveaux encodages d'informations.
Oui, toi et moi, nous valorisons le silence et la contemplation, nos amis aussi, si ce n'est, nos familles respectives, animales et humaines.
Le nombre Pi a eu raison de moi, je m'assoupis non loin de toi.
J'aimerai me poser sur ta panthère noire en céramique, laisse-moi dormir dedans, dans sa tête auprès des fleurs séchées au soleil, cette étoile si grande que l'on ne peut voir en face.
Voir le Soleil, c'est fermer ses paupières, et, si tes yeux se ferment, alors là, tu te souviens de moi.
Telle est ma Prière.Pica-Pica !
Paysage Par kiwaïda at 17:03
Art
Bijou
15/03/2025
Ѧяmαηⅾ
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Peintures © Armand Guillaumin : Bords de l'Orge à Épinay (entre 1841 et 1927)
Peintures © Armand Guillaumin : Le Moulin de Brigand et les Ruines du Château de Crozant (1900)
Peintures © Armand Guillaumin : Crozant, solitude (1915)
Peintures © Armand Guillaumin : Le port de Charenton (1878)
Peintures © Armand Guillaumin : Damiette, les gerbes de blé (vers 1884)
Peintures © Armand Guillaumin : Portrait de Mlle Guillaumin en kimono (1901).............................................................................................................................................Journal d'une pie (extrait)
Tu découvrais un peintre méconnu, par hasard, un de ses tableaux remarquables te faisait penser aux berges des banlieues de Paris. Armand Guillaumain, le moins connu des grands peintres impresssionnistes, pourtant intimement lié à ce mouvement, dès son origine, et dernier survivant.
Il est ainsi observé, dans l'histoire de l'art, qu'il participa de l'émancipation du courant de l'Impressionisme, et dans l'affirmation d'autres courants comme le Divisionisme, et le Fauvisme.Des paysages aux couleurs intenses, ses oeuvres se distinguent par ses peintures de la Région Parisienne, de la Creuse et de l'Esterel.
Tu admires ainsi les lieux et natures que tu reconnais, jusqu'à Crozan, dans la Creuse, des couleurs des paysages marquant de nombreux peintres, réalisant les paysages ruraux de la région. Il a ainsi participé à la notoriété de ce qui s’est appelé l’École de Crozant.
Guillaumin s’aventure aussi dans les terres provençales, près de son ami Paul Cézanne. Il peint ainsi à Agay où est installé Albert Marquet, région également chère aux peintres Louis Valtat et Henri Lebasque. Marquet, un autre peintre que tu affectionnes aussi. Si Marquet se lie d'amitié avec Henri Matisse, autre peintre dont tu as suivi l'oeuvre entière, on peut distinguer, dans le portrait de sa fille en kimono, 1901, les motifs vibrants de la robe de sa fille aînée, agèe de 13 ans, qui inaugurent la peinture par motifs, de son comptemporain, Matisse, roi des motifs et des décors.
Armand Guillaumain, peintre discret, est né à Paris en 1841, rue de Rivoli, dans un immeuble vétuste, dans une famille ouvrière récemment émigrée de Moulins dans le Bourbonnais, car la crise économique laisse son père sans emploi à Paris. À Moulins, enfant il passait ses vacances, puis il commença à travailler à Paris dans le magasin de son oncle en 1857 à 15 ans tout en étudiant le dessin le soir. C'est une boutique de lingerie féminine (Les Mille et une Nuits), dont il est caissier. Mais son voeux le plus cher est de s'émanciper de sa famille, il veut peindre.
En 1860 il fut embauché sur la ligne de chemin de fer Paris-Orléans, continuant à pratiquer le dessin pendant ses loisirs, avant d'étudier à l'Académie Suisse où il fit la connaissance de Cézanne et Pissaro, avec lesquels, il restera toute sa vie en étroite collaboration et amitié.
Ne pouvant vivre de sa peinture, en 1868, après deux années sans travail, il obtint un emploi dans les Ponts et Chaussées, travaillant la nuit afin de pouvoir peindre pendant la journée.
Au début des années 70, il travailla avec Pissarro à Pontoise, et rendent souvent visite à Auvers à Paul Gachet, médecin proche de Cézanne, ce dernier, fit un portrait de Guillaumin intitulé "Guillaumin au Pendu".
En 1874, il habite dans le même immeuble que Cézanne, venu à Pontoise, avec lequel il travaille en étroite collaboration, puis en 1875, il loue l'ancien atelier de Daubigny.
Guillaumin fit partie de la première exposition du groupe des impressionnistes en 1874 et exposa à la plupart des suivantes, ainsi qu'au salon des Refusés.
À noter, pour le salon des Refusés qu'il se nommait, L'« exposition des ouvrages non admis ». Les médias et le public le nommèrent aussitôt, Salon des refusés. Il s'ouvre à Paris le 15 mai 1863 en marge du Salon officiel et expose, dans douze salles du palais des Champs-Élysées, annexe du palais de l'Industrie, 1 200 œuvres d'artistes, grâce à un décret par Napoléon III sous le conseil de Viollet-le-Duc. L'empereur jugeait que le jury officiel était trop sévère, ce dernier ayant refusé 3 000 œuvres sur les 5 000 qui lui furent présentées et Viollet le Duc, en lutte contre l'Académie des beaux-arts, souhaitait une révolution artistique adaptée au monde moderne. Ce Salon est l'une des illustrations de l'émergence, dans la seconde moitié du XIXe siècle, d'une modernité artistique, en opposition avec le goût officiel. Les artistes ne cherchent plus à reproduire les règles enseignées par l'Académie mais à montrer leur capacité à inventer de nouveaux sujets et nouvelles manières d'occuper la position d'artiste. Après 1863, et par abus de langage et conséquemment à ce salon, d'autres expositions regroupant des « refusés » eurent lieu à Paris en 1864, 1873, 1875 et même 1886. On observe une véritable multiplication des associations d'artistes. C'est d'ailleurs dans ce contexte que va émerger la première exposition impressionniste. Dans ce cadre, Guillaumin expose avec Edouard Manet (qui, réalisera un portrait de lui, nommé "Le peintre Guillomin à cheval", en 1870), Camille Pissarro, Paul Cézanne et d'autres artistes. Cependant, les peintures de Guillaumin sont exposées, incognito. La différence sera toujours hiérarchisée, car Guillomin ne venait pas d'une famille d'artistes, ni bourgeoise. Sa curiosité et son talent lui fit rencontrer plusieurs artistes renommés, tandis qu'il travaillait la nuit, dans des bureaux pour les constructions routière pour gagner sa vie, et peignait le jour.
C'est un fait qui doit te rappeller un évènement similaire dans ton parcours, avec tes dessins, les Incognitos...
Sortir de l'atelier, tel fut le manifeste de ces peintres, claquemurés depuis des siècles, afin de peindre en plein air. Dehors, la lumière bouge et vibre, les reflets sont multiples et transforment radicalementles paysages et les êtres. Ce qui a été nommé "l'impressionnisme", l'oeuvre devient l'impression d'un moment éprouvée devant la nature .
Fin de la décennie 1880, ami de Van Gogh, ses toiles furent vendues par Théo Van Gogh.
En 1886, il se fera connaître en Amérique lors de l'exposition sur les Peintres Impressionnistes organisée par le marchand d'art Durand-Ruel.
Cette année, en 1886 il épousa sa cousine, Marie-Joséphine Charreton, professeure d'école, originaire de la Creuse, qui l'aidera financièrement. Edgar Degas et Paul Gauguin sont ses témoins. Ils auront quatre enfants : Madeleine en 1888, Armand en 1891, Marguerite en 1893 et André en 1896. En 1891, il gagne plusieurs lots à la loterie, ce qui lui permet de voyager et de se consacrer entièrement à la peinture.
Il se déplacera dès lors régulièrement entre Crozant dans la Creuse, où il loua une maison à partir de 1892, il y fréquente les peintres de l'École de Crozant, dans les environs de Fresselines, où habite le poète Maurice Rollinat. Dessinant et peignant d'après le motif, il sera toujours attiré par l'eau. Depuis les rives de la Creuse, il observe l'animation de la rivière, des ponts et des Chamil. Puis il voyagera souvent à Agay, sur la Commune de Saint-Raphaël au pied de l'Esterel, et Saint-Palais-sur-Mer, station balnéaire de la Charente Maritime.
Armand Guillaumin fait aussi de nombreux voyages en Auvergne et en rapporte de nombreux paysages, en particulier des vues de Pontgibaud, Saint-Sauves et Saint Julien des Chazes.
Il effectue également un voyage en Hollande en 1903-04.
Sur Crozant, ce petit village dans un site sauvage dominant le confluent des rivières de la Grande Creuse et de la Sédelle, avait été blébicité auprès des artistes, romanciers, musiciens et peintres, par George Sand, après qu'elle se fut installée tout près à Gargilesse en 1857.
George Sand était originaire du Berry, juste à côté de la vallée, et venait souvent s’y promener. Du Berry à la Creuse, leurs paysages, les rochers, les espaces romantiques et secoués par le vent, les sous-bois clair-obscurs, la vie champêtre ont été des inspirations fondamentales pour ses romans, de François le Champi à la Mare au diable.
George Sand, qui venait se promener autour de ces ruines, avec Chopin, elle imaginaune partie de son roman Les péchés de Monsieur Antoine. Les quelques mots d’une lettre qu’elle adresse à Delacroix, racontent venir chaque année voir les ruines de Crozant, et chaque année y crier sept fois son nom.
Entre 1830 et 1930 la vallée gagnera le surnom de “la vallée des peintres”.
Avec l’essor du mouvement impressionniste et de la peinture de plein air, la vallée de Crozant devient rapidement une destination de premier choix pour des artistes : Armand Guillaumin, Claude Monet, puis plus tard, Francis Picabia et de nombreux autres, plus de 500 artistes s’y seraient succédés.
Le site de la vallée de la Creuse attira de nombreux peintres, y compris Monet qui y restera 3 mois en 1889 et y peignit 23 toiles.
Une école de peinture, "l'Ecole de Crozant", a vu le jour dès 1864, qui connût ses heures de gloire entre les années 1890 et 1920. Le nom d'Armand Guillaumin y est aujourd'hui indissociablement lié.
Guillaumin, dont la vie fut longue, puisqu'il mourut en 1927 à l'âge de 86 ans, fut le dernier survivant du groupe des Impressionnistes.
Le temps d'Armand est bien loin, et pourtant, je suis bien sur l'une des branches de ces arbres peints, aujourd'hui encore. Si les couleurs du printemps arrivent, c'est bien la glace qui givre nos nuits, en plein mois de Mars. Il fait un temps de Novembre, et, qui nous a dit, que c'était un temps de guerre ? Tes contemporains semblent isolés, autant de moyens pour se retrouver seuls, ayant mis de côté tous les autres. Bienvenus dans le monde des pies. S'intégrer au monde de la Nature, c'est espérer nous apprivoiser. Ce n'est pas donné à tous, mais au nombre, à part, toi qui est née dans le lieu du ban, tu vis dans les interstices, de la grissaille des banlieusards, aux berges des fleuves, jusqu'aux couleurs roses et vertes de la Creuse et du Limousin, jusqu'à la Dordogne dorée, dans l'émail des algorithmes, toujours plus intelligents, et bien moins paisibles que ces images d'Épinal.
Plonger dans ces tableaux (devenus) populaires, c'est retrouver cette petite chose du labeur, un peintre, un paysan, un écrivain, à conjuguer avec une, toi qui écrit, relate, retrouve, entrelace comme femme de lettres, en attendant, au ban.
La guerre accuse, de tout, sans qu'on ne sache vraiment de quoi. Se sentir délaissés, rejettés, ostracisés, sans savoir pourquoi, n'est ni plus, ni moins, qu'un avant goût de la guerre, des années auparavant, celle qui était loin, lorsque l'on ne voulait pas voir ceux qui la vivaient au sein même des images d'Épinal.
Petits artistes et petites pies, larmes à l'épaule.
Une vie pas si simple.
Avant donc que d’écrire, apprenez à penser.
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.(Nicolas Boileau, L’Art poétique - 1674
> de son poème didactique de onze cents alexandrins classiques)
Paysage Par kiwaïda at 17:04
Art
Peinture