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Noctambule JD / Sonia Marques / Photo-composition, 100 cm x 75 cm - Mars 2012

 

 

Tropical JD / Sonia Marques / Photo-composition, 100 cm x 75 cm - Mars 2012

 

 

 


Noctambule JD & Tropical JD / Sonia Marques / Vue studio - Mars 2012

 

 

 

"Quand les ombres du soir s’allongent dans la vallée, quand les jardins du jour s’emplissent de mystère et de musique, qu’est-ce donc qui fait ainsi battre le cœur ? C’est la nuit qui lentement s’approche et substitue aux claires différences la confusion, c’est la nuit qui passe l’estompe sur les frontières soigneusement dressées par la lumière du jour, et submerge dans son loisir infini les durs dilemmes du savoir. Les cloisonnements et les compartimentages de la raison diurne fondent dans la ténèbre diffluente, dans la nuit indivise : l’homme découvre un nouveau monde où toutes sortes d’espérances et de facilités magiques s’offrent à sa liberté. Car ce sommeil nocturne qui peu à peu nous enveloppe n’est pas une torpeur vide mais un sommeil peuplé de songes merveilleux : c’est le sommeil d’une conscience noctambule qui découche et se promène sur les toits. L’enchantement de minuit dédommage pour la perte de ses illusions l’homme copernicien désenchanté : il compense la résignation des individus à exister ici ou là ; il nous refait en somme une chevalerie et une magie. À minuit, n’importe quoi déteint sur n’importe quoi, les contradictions nouent dans l’ombre des pactes occultes, l’armée immense des possibles envahit les chemins de la causalité. Ce doux naufrage, cet envoûtement qui est l’effet de la nuit, sont nécessaires à notre existence ; oui, nous avons besoin de cette parenthèse enchantée ; nous avons besoin de ce ciel clandestin et d’une causalité féerique qui échappent aux obligations prosaïques du jour, nous avons besoin de cette poussière des scintillements et des constellations où s’embrouillel'écheveau des déterminismes, où s'enchevêtrent les fils de la causalité."

(Vladimir Jankélévitch, extrait de Quelque part dans l’inachevé, en collaboration avec Béatrice Berlowitz , 1ère éd. 1978, Gallimard; éd. de réf. 1989, Folio essais, 319 pages)

 

JD
Les nuits nous appartiennent et les jours effacent les nuits. Les noctambules vivent la nuit et les tropicaux dorment le jour. Ces photo-compositions sont post mortem, tombeaux blancs de jours noirs, nées à la suite d'un drame nocturne où scintilla la perte, l'absence et le manque. Sources de résilience, elles sont dédicacées à l'inconnu, à Joe Dallessandro, sex-symbol du cinéma underground, qui a été une référence, depuis une quinzaine d'années, dans mes oeuvres artistiques ou dans ma réflexion, notamment les vidéos songes, dans un travail de redéfinition de l'image en jouant avec ses imperfections, ses parasites, artefacts, bug, glitch, tout en questionnant le modèle masculin dans sa fragilité sensuelle et ses métamorphoses sensibles. Souvent ces images, sont pour moi, des visions sonores. Leur musicalité, qu'elle pleure comme la pluie ou pique comme des éclats, s'associent également à une recherche de couleur, comme ici aux blancs liquides, aux gris noirs et veloutés.


Autres visions

Vues sur le mur du matin - 2012


 

 

 

 


© Sonia Marques - 2014