Gammes cluster

 

 

 




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Notes des recherches en 2002
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Cluster : définitions

[Informatique] grappe en français. Architecture de groupes d'ordinateurs, utilisée pour former de gros serveurs. Chaque machine est un noeud du cluster, l'ensemble est considéré comme une seule et unique machine. (Dictionnaire informatique de linux-france)
[Art] Groupe d'au moins trois notes jouées simultanément, au hasard ou non, sur un instrument à clavier, soit en frappant avec la main à plat, le poing ou l'avant-bras, soit par glissade. Cette technique est caractéristique de la musique contemporaine. Les clusters sont parfois appliqués à des instruments autres qu'à clavier, par exemple à des instruments à cordes. Grand dictionnaire terminologique Ainsi l'utilisation de Cluster sert usuellement à :
*assurer une redondance du materiel en doublant certaines parties du serveur (carte reseaux, disque dur systeme...)
*relier ensemble plusieurs serveurs afin d'assurer une haute disponibilité de ceux-ci. En effet lorsque l'un des serveurs "tombe" en panne, un serveur valide prend le relais.

Le projet de Téléférique pour l'espace Gantner est collectif, donc unique: La réalisation d'un cluster d'ordinateurs Un cluster de 10 ordinateurs représente très bien par métaphore une communauté en réseaux comme Téléférique l'est. Le cluster en tant que groupe constitue une alliance de forces conjointes pour réaliser ce qui ne serait pas possible seul mais aussi permettre un soutien mutuel dans un contexte difficile pour une recherche indépendante. Ce sont certains enjeux de Téléférique. D'un point de vue technique, un cluster d'ordinateurs sert souvent à réaliser de très gros calculs comme le célèbre cluster de l'organisme de recherche scientifique sur les vies extra-terrestres SETI . L'espace Gantner est étrange lui aussi parce qu'il est équipé mais isolé. Il y a beaucoup de matériels dans une ancienne ferme réaménagée dans le petit village d'alsace de Bourogne. Téléférique fait référence au contexte dans lequel fut écrit en 1818 "Frankenstein ou le Prométhée moderne" par Mary Shelley parce que la frontière Suisse n'est pas loin. Seuls dans une villa de Genève, Mary Shelley, son mari, et le poête Lord Byron font pour tromper l'ennui des jeux étranges. L'un d'eux consiste à écrire des récits d'épouvante, à la manière de ces pittoresques contes allemands qui encombrent la bibliothèque. Seule Mary (19 ans) poursuivra cette entreprise qui sans doute participa à l'émergence d'un nouveau genre littéraire, la science-fiction.

Cluster, dernière partie : Sonia Marques a réalisé un blog dont le nom "Cluster, dernière partie" est le résultat de cette résidence, un jeu dans lequel elle joua sa dernière partie au sein du collectif Téléférique. Les personnages Clic, Frob, Soni, sont les acteurs de la résidence. Soni l'écrivain d'un nouveau genre s'employait à crypter l'histoire, mise en abîme de l'écrivain Mary Shelly.

Description des Gammes Cluster (tirée du blog) :
Clic veut créer un jeu en réseau. Frob veut créer un programme informatique pour obtenir des TOLOPOLOGIES VIRTUELLES. Soni veut créer une installation avec les 10 ordinateurs proche d'une topologie en réseau. Soni fait des gammes, mais la règle du jeu n'est pas déterminée. Quelle le soit ou pas, le jeu est complexe, mathématique. Regardez chaque vignette, elles représentent un pentagone, dans lequel sont situés en forme de cercle, 10 pions, reliés les uns aux autres. Ils forment un réseau. Chacune d'elle est une TOPOLOGIE VIRTUELLE. Le jeu du CLUSTER est une installation dans L'ESPACE GANTNER que le tritête SoniFrobClic a conçu par vents et tempêtes. La TOPOLOGIE REELLE de cette installation s'apparente a chaque vignette. Dans une salle il y a 10 ordinateurs PC tournés vers le public sur des tables rectangulaires. Ils sont positionnés sur des tables agencées en forme de pentagone, il y a 2 ordinateurs par table rectangulaire (5 tables). Et sur chaque écran apparaît le jeu du CLUSTER (ordinateurs en réseau), pour 2 joueurs. Vous me suivez ? Sur chaque écran il y a une TOPOLOGIE VIRTUELLE qui nous situe par rapport à la TOPOLOGIE REELLE de l'installation. Jeu si intelligent qu'on en perd l'intuition. Pour donner des repères Soni invente des couleurs pour chaque topologie et chaque niveau de jeu. Elle travaille des gammes colorées sur une partie de jeu fictive : Si l'on choisit la gamme parmesang dans l'installation des 10 ordinateurs, on peut voir 2 écrans aux couleurs des 2 joueurs, un rouge et un violet, les autres écrans sont de couleur neutre, toujours avec les 2 pions parme et sang de la topologie vrtuelle (voir les vignettes au centre de la gamme colorée parmesang). Et à chaque niveau de jeu de cette gamme colorée, le fond neutre change (3 niveau de jeu). Frob et Clic inventèrent le but du jeu : Un joueur mange un autre. Un pion mange un autre en suivant la direction de sa ligne (le réseau). Soni n'est pas convaincue. Un jeu à 2, alors que l'équipe avait 3 têtes pensantes, un casse tête dans un pentagone. Qui pensait ? Un seul, deux seulement, 3 séparément en pensant être seul, à deux, à trois. Dans ce jeu trivial, la topologie réelle a dépassé la topologie virtuelle. Soni décida d'écrire une fiction sur ce jeu réel entre les 3 personnages et leur création intellectuelle, elle ne pouvait faire fonctionner en vrai une topologie virtuelle, sans jouer vraiment. Un désacord. C'était sa dernière partie collective et il fallait qu'elle joue à son aise pour ne point perdre son jeu sémiotique, graphique, sonore et mathématique. Et pour qu'elle puisse aussi écrire une règle de jeu, elle diffuse sur son site Internet un blog à déchiffrer, parsemé de chiffres et d'embuscades sucrées, qui lui permet de figurer parmi les génies invisibles dans un cadre sismique mais de ne pas être oubliée. Une mémoire participative sur la création collective aujourd'hui en rapport avec la créature d'hier de Mary Shelley : Frankenstein.

Les intentions du collectif au départ correspondaient aux questions posées par Soni :

Que faire avec un Cluster ? Il s'agit moins de faire une démonstration de puissance technologique mais de produire quelque chose propre à un bête, (bestial et simplet) émanant d'un corps fait d'appareils réunis. La créature de Frankenstein n'a-t-elle pas un air maladroit et drôle, pathétique ? Les moyens courants du cluster, uniformisation et rationnalisation des taches, seront plutôt mis au service d'un corps fragile et déviant (Golem), provenant de l'imaginaire décrit plus haut. Pour reprendre une formule de Brian Eno devenue célèbre dans un entretien qu'il accorda à Wired il y a quelques années : «Il manque d'Afrique dans nos ordinateurs».
D'autre part, l'élaboration d'un cluster et l'imaginaire qui en découle constitue une nouvelle expérience hors-ligne de Téléférique comme l'ont été les démos du collectif jusqu'alors.

Frankenstein :
Extraits de l'édition Folio :
Lorsque Mary Shelley commence à écrire son Frankenstein, il ne s'agit pour elle que d'un jeu d'écriture. Avec son époux, Lord Byron et Polidori, elle passe quelques temps en Suisse... C’est presque un couple en cavale qui s’installe en Suisse cet été 1816. Deux ans plus tôt le jeune poète anglais Percy Bysshe Shelley, enlevait Mary Wollstonecraft, la fille de l’austère philosophe rationaliste William Godwin. Scandale et reniement. Ils ont rejoint ici d’autres «proscrits» : l’ami de toujours Lord Byron, sa maîtresse Claire Clermont (demi-soeur de Mary), son secrétaire le docteur John-William Polidori. Le temps est exécrable sur les bords du lac de Genève. Confinés à la Villa Diodati, les jeunes gens trompent l’angoisse d’une nuit d’orage par un défi littéraire : écrire chacun une histoire de fantôme inspirée des contes allemands. Si chacun des hommes rédige assez rapidement son histoire, Mary Shelley s'attarde en proie à une sorte de manque d'inspiration. Elle souhaite en effet inscrire son histoire dans un cadre proche de la réalité, ou tout au moins partir de la réalité pour appuyer son récit. Elle prend donc pour source une conversation à laquelle elle a participé, conversation reproduite dans ses grandes lignes dans la préface. Seul Mary poursuivra l’entreprise, publiant en 1818 : «Frankenstein ou le Prométhée Moderne» ... Dans sa préface de 1837, elle relate les circonstances exactes qui ont conduit à ce "pari d'amis".
Le genre : L'oeuvre est hybride aussi parce qu'elle ne se rattache encore aujourd'hui, à aucun genre défini. Elle est en rupture totale avec le roman gothique, ce qui lui confère une grande part de sa modernité, mais il est abusif d'affirmer qu'elle appartient à la science-fiction ou la préfigure. Ce dernier genre repose par définition sur des données plus ou moins scientifiques, or Mary Shelley reste justement très floue sur ce point, précisant même que "son histoire constitu(e) une impossibilité sur le plan physique". En dehors même de cette situation initiale obscure, le texte multiplie les brouillages de toutes sortes. Situation exceptionnelle dans un récit enchâssé.
Préface de Mary Shelley de 1831 :
"Comment l'idée d'une histoire aussi horrible a-t-elle pu germer et se développer dans mon esprit alors que j'étais encore très jeune ? Il est vrai que je répugne à me mettre en avant dans mes écrits. Toutefois, comme ce récit n'apparaîtra que comme un appendice à une production antérieure et se limitera à des considérations concernant ma qualité d'auteur, je ne peux guère m'accuser d'intrusion personnelle. (...) Au début je pensais n'écrire que quelques pages, un conte court ; mais Shelley me pressa de développer plus longuement cette idée. En ce qui concerne les péripéties de l'histoire ou la succession des sentiments, je ne suis en rien redevable à mon mari. Cependant sans ses encouragement, jamais l'oeuvre n'aurait pris la forme sous laquelle elle fut présentée au monde ; exception faite de la préface qui, si je me souviens bien, fut entièrement rédigée de sa main. Le moment est de nouveau venu d'envoyer de par le monde ma hideuse progéniture, en lui souhaitant prospérité..." M.W.S.

 

 

 


© Sonia Marques - 2011