31/01/2024

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La reine © Sonia Marques (2017) : Peinture de 2017 avec un texte inédit, qui rappelle un peu l'univers du défilé Magiela... Il y a 7 ans, déjà !

 

Art Par kiwaïda at 15:45
Peinture

 

30/01/2024

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Maison Margiel Artisanal Haute Couture Spring Summer 2024

Art Par kiwaïda at 15:41
Mode


 

29/01/2024

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Ci-dessus : The ritual of dressing is a composition of the self. With the body as our canvas, we build an exterior expressive of the interior: a form of emotion. The Maison Margiela 2024 Artisanal Collection paints a picture of the practices and occurrences that shape the character reflected within our dress. Under Pont Alexandre III, bathed in the light of the first full moon of the year, Creative Director John Galliano captures a moment in time: a walk through the underbelly of Paris, offline.

Sublime retour de Margiela, la tradition de cette maison se trouve régénérée par le créateur John Galliano, la renaissance d'un phénix. Il y a quelques années, Margiela faisait appel au styliste créateur artistique, pour apporter une nouvelle âme à l'héritage iconoclaste de Martin Margiela. Le groupe OTB de Renzo Rosso, détient la marque de denim Diesel, la Maison Martin Margiela, Marni et Viktor & Rolf.
Le purgatoire : John Galliano était renvoyé en 2011 par la Maison Dior après avoir été filmé une nuit, tenant des propos racistes et antisémites sous l’emprise de l’alcool. Il avait d'ailleurs été condamné, et le créateur avait présenté ses excuses et reconnu une triple addiction à l'alcool, aux somnifères et au valium, effectuant successivement une cure de désintoxication de deux mois aux Etats-Unis. Le tribunal avait tenu compte des circonstances de sa maladie et des nombreuses attestations versées qui démontraient la véritable personnalité de John Galliano, qui n'a jamais eu de sentiment raciste ou antisémite. Il a tout de même connu l'ostracisme de nombreux acteurs de l'industrie de la mode. Après sa cure de désintoxication, déchu et exclu, il fut aussi sous l'emprise de son ex-avocat, qui lui a extorqué de l'argent. En 2023, celui-ci fut condamné, reconnu coupable d'abus de confiance, pour avoir détourné il y a plus d'une décennie des fonds provenant des comptes bancaires du styliste John Galliano et de l'une de ses sociétés. Fin janvier 2024, le styliste a dépassé les attentes du milieu de la mode très compétitif et sans pitié. Son défilé, présenté sous le pont Alexandre III à Paris, le 25 janvier fut une sacrée claque !
250 invités sur place sans compter les fans de la maison l'ayant regardé en live, sur les réseaux, et autres amateurs, tous ont été subjugués. Sous la forme d'un spectacle très scénarisé et filmique, un chanteur charismatique accompagné d'un Gospel annonçait l'ambiance d'une dignité retrouvée. Le chanteur, Lucky Love, un artiste unibrassiste, depuis sa naissance, souffrant d'agénésie, une malformation rare in utero, a embrasé la scène. Le défilé se trouvaient transformé en performances multiples, par les mannequins performeurs, aux félines attitudes. Accompagné d'une chorale Gospel, il chante : « Now I don’t need your love », tout est dit : Maintenant je n'ai plus besoin de votre amour. Est-ce d'un amour maltraitant ? Celui de la mode cruelle ? Un message subliminal de John Galliano. La mode maltraite toujours ses créateurs et créatrices. Tombés dans l'indifférence, et maudits, les artistes peuvent être portés aux nues, de nouveau, être admirés, applaudis, tant leurs talents peuvent être exaltants. Tel le créateur Martin Margiela, John Galliano a perpétué la tradition du fondateur, qui ne se présentait jamais au public et évitait les photographes, ainsi, Galliano, est resté en coulisse derrière un rideau doré.
Son talent créatif visionnaire et non conformiste, a secoué le cocotier du milieu de la mode fin janvier 2024 et nous a rappelé ce que le savoir-faire de la mode était capable d'insuffler : l'inspiration.
Pour celles et ceux qui ont eu la chance de bénéficier d'études dans la mode dans les années 90, on ne peut que retrouver le souffle de la création dans cet inédit défilé, tandis que celle- ci disparait, la création, dans d'autres domaines, en France.
L'artisanat des textiles, mêlé aux savantes technologies de diffusions filmiques, formulent un contenu directement accessible à tous. Ce qui, dans les années 90, n'était accessible qu'à celles et ceux dotés d'une formation supérieure dans les arts de la mode.
Les personnages inventés, des poupées aux masques de cire étranges, aux transparences roses poudrées, crèmes et noires et grises, chers aux tons de Margiela, avec des nuages de cheveux, hommes et femmes aux tailles corsetées, toutes sorties de la fumée des sols crapoteux et des flaques d'eaux croupies, parviennent à nous pincer, car il faut le faire durant ce filage onirique, non, ce n'est pas un rêve, tout a été pensé, travaillé, cousu, dessiné, durant très longtemps, et c'est arrivé, là !
Des sans domiciles fixes, ou des dandy sans chemise, défilent dans ce film policier, avec des femmes aux formes généreuses, funambules, elles déambulent comme saoulées, d'autres très élancées, émaciées, elles se balancent divinement, parmi des voleurs élégants ou minables, selon. Il n'y a pas de normes des corps, car tout se contredit, masculin, féminin, hanches, fesses, seins, danseur ou acteur, actrice, aux souvenirs de freaks show d'antan, mais transfigurés dans le domaine de la science fiction. On imagine très bien un manga dessiné par Suehiro Maruo, le japonais qui ravive les cicatrices des guerres, avec une encre noire érotique, au secours des enfants torturés, bien que ce défilé n'a aucune rage, contrairement aux histoires pour public avertis du mangaka.
Dans cet espèce d'entrepôt sombre et bleuté, le défilé très référencé, intègre un Paris des grandes guerres, de vétérans burlesques, lampes brisées, vieux billard, un Pigalle d'un siècle disparu. Entre Toulouse-Lautrec le peintre, et Freddie Mercury, l'icône martyr du mouvement punk mort d'une overdose d'héroïne, ressuscité par le chanteur qui dévoile son torse et l'absence d'un bras, une ellipse paralympique stylée, audace des audaces. Henri de Toulouse-Lautrec avait une maladie qui affectait le développement des os, (la pycnodysostose, maladie génétique, qui pourrait être due à la consanguinité de ses parents) ses membres étaient courts, ses lèvres et son nez épais, ses os fragiles, il zézayait et en jouera, faisant le provocateur dans les salons. Son exhibitionnisme malaisant faisait de cet artiste un ami du cirque, qu'il dessinait, des hypertrophies musculaires des bras, des jambes, des arcatures outrées des dos, des membres, du rachitisme, au contraire, des corps voltige, léger. On pense aux rouges orangés des cheveux peints des femmes, comme dans ce défilé, aux bas noirs et mines des fins de soirées esquissées. Dans la chorégraphie des silhouettes, il y a une ligne fragile, celle de se pâmer, de tomber en défaillance, de l'ordre de l'évanouissement. Comme la démonstration d'une incapacité de se mouvoir dépassée, en raison de malaises physiques : chacune des silhouettes parvient à marcher, malgré toutes les difficultés et à transporter les vêtements, et même l’absence. Il manque toujours quelque chose, et ce manque est bien debout. Les stilettos sont en ordre de marche sur des éclats de verre, sorties d'Alice au Pays des merveilles, si ce n'est de la pulpeuse Jessica de Roger Rabbit et son lapin (du film Disney, de 1988, Who Framed Roger Rabbit) dans cette ambiance de fouines masquées. Tirant son nom d’un couteau italien à la lame fine et à la pointe acérée, le talon aiguille des escarpins stilettos, fut conçu dans les années 1950 lorsque des matières et techniques inventées pour les porte-avions furent appliquées à la fabrication de chaussures. L'atmosphère interlope de ce défilé, marque le milieu de la haute couture, tel un parfum qui reste, après avoir vu, ce qu'on croyait perdu. Renaissance donc de savoir-faire. Il y a aussi Leon Dame, le mannequin berlinois, muse de Galliano, qui est connu pour sa démarche unique, son style de mode androgyne, déjà présent au défilé Maison Margiela 2020. Et les glass skin, afin d'obtenir la peau miroir, tous ces masques fabriqués par l'équipe de maquillage de Margiela depuis quarante ans, avec sa maquilleuse Pat McGrath, elle a inventé cette facture de teint de porcelaine. Un espèce de glacé troublant. Trouble est vraiment le sentiment laissé par ce défilé, avec, une étonnante empathie, tendresse pour les âmes blessées et errantes, sous les ponts. La virtuosité des techniques textiles, tient à une sophistication singulière comme le "milletrage", des couches de tissus aériens, qui dessinent des aquarelles subtiles de voiles, de décolorations de tâches, ou des grands cocons lumineux, rembourrés qui distordent même l'idée d'un corps humain, soutenus par de fines jambes élancées. Il y a aussi des rétrécissements du textile, qui créent des formes expressives dans les jupes. Les mannequins arborent toute une gamme de poses facétieuses, elles minaudent et se cachent, se drapent dans les costumes dont il manque des pièces, ou s'enfuient comme des cambrioleurs, tels des Arsène Lupin. Les fesses et les hanches sont exubérantes, certaines poitrines libérées, et, dans le même temps, la contrainte du corset pointe une taille surréaliste, comme des papillons épinglés. Tailles de guêpe, seins généreux qui ballotent librement, indécence et exubérance, pudeur, pilosité pubienne suggérée, peinte en trompe-l’œil, délicatesse des robes en mousseline de soie, superpositions de plissés cartonnés... L'actrice britannique, Gwendoline Christie clôture magistralement le défilé dans sa robe plastique laiteuse qui rappelle les heures de gloire de l’artiste d'art contemporain Matthew Barney.
Théâtre captivant d'une soirée très parisienne, nous laissant nostalgiques de notre jeunesse et notre héritage artistique.
À d'autres !


Art Par kiwaïda at 13:48
Conte
Mode

 

20/01/2024

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Avec Wim Wenders !


Art Par kiwaïda at 01:33
Mode

 

17/01/2024

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Journal d'une pie (extrait)

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J'ai trouvé un glaçon, il me sert de source d'eau.
Tout a gelé, mes flaques d'eau sont devenues des choses blanchâtres au sol, solides.
C'est comme une glace que je pile avec mon bec et je suce l'eau dedans.
La sensualité de ces moments est exquise.
Je semble être une brute avec mon pic à glace pour obtenir du jus d'eau fraîche, la transparence du glaçon obtenu par accumulation d'eau dans le tube d'une grille, lui, ressemble à une installation d'art contemporain, très subtile, très discrète. C'est de l'ordre de l'inframince imagine ma tutrice. Elle me raconte que l'artiste Marcel Duchamp avait désigné cet intervalle imperceptible, entre deux phénomènes. Elle voit mon glaçon comme un possible, un devenir. Seul, personne ne sait ce qu'il peut advenir, ni même de la performance que je réalise avec lui, en lui soutirant de l'eau. Glaçon il devient ma source d'eau à l'état liquide. Toutes ces petites choses auxquelles ma tutrice est sensible sont de l'ordre de l'inframince, comme la poussière, la fumée, ces actions chimiques des états qui se transforment. Elle m'expliquait que lorsqu'elle était enfant, elle avait trouvé fabuleux de mélanger des tubes de peintures, le jaune et le magenta, leur association mélangée au pinceau, donnait un orange sanguine ou un corail, un abricot selon le dosage, et même la couleur du safran. Cela se passait dans la cuisine, tout était relié à l'imaginaire des fruits, condiments, aliments lactés, aux couleurs décaféinées ou chocolatées. C'est avec sa mère qu'elle a appris à créer des nuanciers, et non à l'école maternelle. Elle ne se doutait pas que plus tard, elle enseignerait ces actions et mélanges à de jeunes enfants, en arts plastiques, puis des lycéens, puis des étudiants, avec des notions plus conceptuelles. Et plus tard par images de synthèses, des simulations de logiciels.
Mais, lorsqu'elle travaillait le plâtre, avec des pigments, pour obtenir des nuages solides qui passaient à l'état liquide puis qu'elle taillait, en plein hiver, comme celui-ci, elle me comparait à une sculptrice de glace en se remémorant ses investigations partagées et exposées. Ma tutrice est une artiste qui a la mémoire des formes, comme les oreillers. Ses facultés artistiques sont en éveil quotidiennement, et sa mémoire se distille à tout les passants. Elle travaille une expérience journalière dans un contexte qui produit de l'inframince, en ouverture à une inconnue.
Elle réalise des équations, avec à chaque fois une équation à une inconnue. J'ai été une inconnue, à présent, il y en a d'autres, je suis celle, en ce moment qui a produit une œuvre d'art sous ses yeux. Elle est éphémère, demain, le glaçon aura fondu, elle sera face à un trou, et moi, je serai ailleurs, en hauteur, si loin des êtres humains.

Pour les esthètes, celles et ceux loin des Musées, loin des écoles, isolés, ou exclus, ces expériences quotidiennes remplissent de joie les esprits en manque de culture et d'arts plastiques. Nos Musées sont dans la nature à présent !
C'est éphémère, et souvent, il n'y a aucune trace de ces états. Il faut se souvenir ce qui a été imaginé, créé, de façon cognitive, c'est la mémoire qui travaille lorsque toute preuve matérielle disparaît, lorsque l'eau disparaît. Il demeure l'idée du glaçon.
Je n'aime pas être désignée, ni ma tutrice, mais elle apprécie montrer, guider, porter son regard vers une chose, une expérience, un être, le minéral, une histoire. Elle peut être triste, parce que l'hiver comporte toujours de la tristesse et des défections, des désertions. La place nouvelle, pour espérer des petites étincelles de joies jaillir, apparaît dans la fin d'un cycle.

Nos expositions sont à disposition, nous les artistes, les pies, nous sommes les plus productives d'un art pour les érudits.
Puis, je m'envole sur une antenne et je squatte un moment, voici les premiers flocons de neige, jamais vu de ma vie !
Ma tutrice est venue m'expliquer ce que c'était la neige, mais je suis partie découvrir ces morceaux d'eau seule, qui tombent partout en jouant dans un jardin privé. Sur mon costume c'est comme une pluie glacée.
Je courrais après un merle noir, petit, mais très attachant, de branches en branches, je sautillais. Quelle euphorie cette neige ! On se gèle les pattes ici ! Mais qu'est-ce que c'est amusant !

Un vieux Monsieur passe nous voir. Il s'occupe des Compagnons du Tour de France qui forment des hommes et des femmes de métier capables de mettre en œuvre des systèmes de construction. Il nous demande :

"Elle est apprivoisée ?"
"Non" Dit ma tutrice" Elle raconte mon histoire.

Il nous raconte à son tour :
"Je m'occupe des enfants de la rue, et un jour, l'un d'eux a réussi à apprivoiser une pie !"

Il nous demande :
"Elle n'est pas embêtée par les autres pies ?"
"Non" Dit ma tutrice. Puis, il nous raconte :

"Sa pie était sans arrêt embêtée par les autres pies, je ne sais pas, peut-être à cause de son odeur, elles ne voulaient pas d'elle, elle était sans arrêt chassée"

Puis je vole sur l'épaule de ma tutrice, il nous regarde charmé, il dit : "C'est bien" d'un air satisfait, comme s'il venait de voir que le possible et l'inconnue dans cette équation, venaient résoudre un problème qu'il avait en tête depuis des années. Il est reparti heureux.

Son espace forme à la charpente, les constructions de bois, la maçonnerie, le carrelage, la taille de pierre, la menuiserie, l'ébénisterie, la couverture, la zinguerie, la plomberie, le chauffage, la climatisation, la peinture, le plâtrier, la décoration, la serrurerie, la métallerie, on trouve ses compagnons dans les travaux publics, les bureaux d’études & CAO-DAO, les boulangeries et les pâtisseries.

Je lui dis :

"C'est comme nous les pies, on sait faire plein de trucs !"

 


Un autre vieil homme passe avec sa famille et il nous dit :

"C'est votre pie ?" Vous appelez et elle vous reconnait ?"
"Non" Répond ma tutrice.
"Elle a un nom ?"
"Non" Répond-t-elle.
"Il faut absolument lui donner un nom !" Lui dit-il.
"J'ai trouvé, un nom très connu, que l'on entend partout en ce moment : Rachida Dati ! "
Puis, il part, en chantant : "Rachida Dati, Rachida Dati..."




Elle me regarde d'un air dubitatif et tente de me coller ce nom sur mon petit corps frondeur et indépendant, et assez coquet. Je suis vexée, je lui tourne le dos, "Si c'est comme ça, je m'en vais !"

"Mais non, je ne vais pas te nommer ainsi, aucun nom d'être humain ne te va" Me dit-elle.

Elle me raconte que ce nom est celui de la nouvelle ministre de la culture dans notre pays.

"Mais, vous avez besoin d'une ministre ?"
"J'ai connu une dizaine de ministres de la culture, les employés ne changent pas . Me répond-t-elle.
"Alors c'est comme nous les pies, nous avons le même costume, personne ne nous distingue"
"Tu n'as qu'à me nommer, ministre de la culture !"
"C'est une bonne idée", me répond-t-elle.
"Toi seule saura me reconnaître"
"Il te faut une équipe avec toi !" M'informe-t-elle.
"Mais que devient le chaton gris ?"
"Justement, il pourrait être ton meilleur allié". Pensa-t-elle.
"Il a des pompons gris, il peut fertiliser ce pays"




"La France compte plus de 15 millions de chats domestiques, 12 millions au Royaume-Uni, les allemands sont les premiers avec plus de 16 millions !"
"Alors notre ami le chaton gris pourra fonder sa propre mutuelle ?"
"Nous les pies sommes plus nombreuses, nous avons beaucoup de présidents et présidentes"
"Nous les êtres humains, dans notre pays, nous ne faisons plus d'enfants, c'est le Président qui nous apprend cela, il n'en a pas non plus"
"Et toi ?"
Lui dis-je, effrontée.
"Tu sais bien, j'ai plein d'enfants partout", j'ai toujours été dans l'éducation, ces temps-ci c'est avec le monde animal et c'est très différent"
Une petite fille de 2 ans tentait de monter sur son beau petit vélo, son père attentionné la laissait faire, puis elle est tombée. J'étais sur l'épaule de ma tutrice, puis, au lieu de pleurer, l'enfant nous montre du doigt et crie : "Maman, maman !"
Le père ne nous avait pas vues, c'est sa fille qui avait déjà tout vu et lui montrait ce qu'il fallait voir.
Plusieurs fois, elle désignera ma tutrice comme sa maman.
Elle avait compris, petite, que voir un être humain, avec moi, une pie, un petit oiseau, aux allures enfantines, assez proche d'un adulte humain, ma proximité, créait une filiation, ma tutrice devenait le générique d'une maman.
Comme elle se souvenait, même si sa mère était absente, qu'elle était ce petit oiseau, qui apprenait, comme elle, à se mouvoir dans l'espace. Un miroir de l'apprentissage s'offrait à elle, mais peut-être aussi un modèle pacifique.
C'est aussi une forme d'inframince, le générique de la maman. C'est un référent dans toute éducation.
Ma tutrice dit au père et sa petite fille : "C'est un beau vélo"
Une façon de désigner le véhicule et l'art et la manière réussie de lui apprendre à se véhiculer, sans les petites roues arrières.
Il lui dit : "Elle n'a que 2 ans, on ne va pas être trop exigent, on ne lui en demandera pas plus".
Je m'amusais de toute cette scène si précieuse et miraculeuse, si gentille, beaucoup de sagesse. Avant de m'envoler vers la Lune, je récitais ce proverbe chinois :

"Quand le sage désigne la Lune, l’idiot regarde le doigt"
Ce jour là, il n'y avait point d'idiot, mais que des flocons de neige !
Et la Lune était le seul luminaire de cette soirée si paisible.







Je ne comprends pas tout ce qu'elle me raconte, mais j'imagine que nous allons bientôt pouvoir gouverner ces petites êtres humains qui peinent à s'organiser et à vivre dans la nature...
Je vais réfléchir à mon ministère très sérieusement.
Je vais ériger mon glaçon comme sculpture au centre de mon bureau, et on pourra tous sucer dedans de l'eau fraîche...
Moi, je suis dotée d'une intelligence hors norme.

Je suis une pie bavarde, une Pica pica. J'appartiens à la famille des Corvidae et à l’Ordre des Passériformes. Je suis très commune en Europe et dans certaines régions d’Asie. Il y a une dizaine de sous-espèces chacune vivant dans une zone géographique bien spécifique comme la Pica pica anderssoni (Russie), Pica pica fennorum (Scandinavie), Pica pica bottanensis (Chine), Pica pica mauritanica (Afrique du Nord), Pica pica bactriana (Pakistan) ou encore Pica pica melanotos (péninsule ibérique). Nos dialectes sont désignés par les français et belges par agasse, agace, ajasse, ageasse, ajaça, agaça, agache... Je fais partie des oiseaux les plus intelligents de la planète. Je mémorise énormément d’informations, j'apprends à m’adapter à de nombreuses modifications environnementales, douée d'un grand stratège. Je reconnais et comprend les émotions que peuvent ressentir mes congénères et autres animaux. J'ai une perception sensée de la mort. J'ai conscience de mon reflet dans un miroir, donc une conscience de moi, (de soi), ce qui est rare chez les animaux.

"Je sais bien, belle amie, tu me reconnais et tu es douée d'une mémoire prodigieuse."







Un petit rouge-gorge était venu curieux pointer son bec. Il nous regardait et tentait différent point de vue.
Il s'ébrouait de joie, rien qu'à l'idée de nous écouter.
Puis il nous dit : "Vous savez que les rouges-gorges sont très intelligents ?"
À cet instant, nous avions une équipe constituée pour un beau ministère...
Une arche de Noé, juste avant le déluge.




Moralité :

Il faut se montrer humble face à l'hiver.
Il pleut à petit bruit, d'ennui, qu'aucun Dieu n'ose ajouter à la peine.
La nature détruit les nids, le froid glace les cœurs, amoindri les efforts et le mal a dit, reste petit dans ta coquille d'argent, l'or ne se trouve plus. Les médailles ne subsistent pas aux typhons des temps. Cyclones et vertiges, fenêtres glaçons, couvertures de survies, toitures fissurées, maladies et rien à dire, bien maudire, sans dire mot.
Chaque perle compte, topazes, agates, ambres et pierres de lunes, pour que le collier soit le plus précieux remède aux maux d'hiver.




Photographies et dessins © Sonia Marques


Art Par kiwaïda at 02:20
Animal
Photographie

 

08/01/2024

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Journal d'une pie (extrait)

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ESPOIR, lui dis-je

Petit bout, j'étais nu, dans mon costume.
Une patte après l'autre, je marchais en gambadant, dans la nature.
Dans l'odieuse liberté de mentir à mon espèce animale.
J'étais fou, de toi, de vous, de tous, de ce que je ne connaissais pas.
Je sautillais, je m'en foutais, de tout, je voulais tout voir et de suite tout goûter et puis partir en courant.
Partir sans me laisser attraper par le temps ni par la nuit.
La viande au bec, les vers déterrés, au diable la mort, au diable les morts.
Je vole vers toi, je vole, vers l'adieu, je vole vers l'odieux ciel, je vole vers Dieu.
C'est Janvier je m'en fou, je suis fou de toi, je suis fou, je suis un petit roi.
Personne ne me voit, personne ne me croit, personne ne le sais, moi-même je m'en tape le cornichon !
Une année nouvelle ? Qu'est-ce ?
Je connais l'étouffante chaleur, le froid sibérien, la tempête nocturne et les pluies diluviennes.
Je ne connais pas les mois, ni les années, ni les chiffres, ni même les hommages, ni les guerres.
Chaque jour je vis la guerre de la vie, survivre est un combat de tout instant.
La minute où je suis fou, de toi je te le dis, la minute d'après je suis loin de toi et je t'oublie pour ma survie.
Te voilà, enfin, me voici à l'heure.
Je reviendrai, la nouvelle année aux vols certains charmer tes incertitudes et voler ton sourire.
J'ouvrirai les yeux des passants, abandonnés à ne plus parler, ni oser embrasser la vie.
Et je volerai si loin, que leur espoir de me revoir nourrira, enfin leur destin.
Avenir, je saurai venir à eux, je serai à venir, toujours avenir.
Bonne année pardi !
Mon paradis !
J'ai dit !



Graphismes-peintures © Sonia Marques


Philosophie Par kiwaïda at 12:35
Nouvel an
Posésie

 

07/01/2024

αя¢➸εη✏¢їεʟ

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Photographie © Sonia Marques

 

Journal d'une pie (extrait)

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Te souviens-tu du temps de tes vingt ans ? De la beauté fragile de ton âme sans avenir ? Des maladies qui t'emportaient vers les camps de la mort ? De tes peurs d'être abandonné là sur la route dans un immeuble aux boîtes aux lettres des noms inconnus ? Fugitif étincelant sans la langue pour communiquer ?
Tu gravissais sans te plaindre les étapes d'une jeunesse épouvantable, dont tu souhaitais fuir l'innocence à tous prix et apprendre toujours plus pour sortir du costume de la proie. Tu rêvais en toi, que les jours passent sans te voir, que les malheurs se dissipent comme un brouillard, sans que personne ne puisse apprendre qu'ils existaient. Je t'entendais, toi l'oreille tendue vers moi, pourtant je ne disais rien. Tu contemplais le ciel en marchant sur les pavés satinés, en regardant à travers les fenêtres percevant les lumières dorées des soirées chaleureuses. Les vies humaines pouvaient se montrer accueillantes. Ton cœur oppressé faisait tout pour masquer ta désolation. Je te voyais marcher, hiver desséché comme printemps gringalet, les bronches prises d'un mal obscur, la gorge coupée et recousue, ton échafaud était invisible, mais tu le voyais bien. Si ton enfance périssait déjà, être adulte ne projetait aucune révolution possible, celle des autres te semblait si puérile. Te souviens-tu des fleurs de ces années ? Tu les pensais pourries, de cet amour dont tu ne parlais pas. Vivre c'était aimer mieux qu'essayer de devenir adulte. Alors tu promettais de ne jamais être trop grand, afin de vivre vraiment une fois adulte, ce que tu n'avais pas pu vivre enfant. Les aventures sont éternelles, tu savais désigner ce qui adviendrait.
Tes yeux seraient toujours ceux des amoureux, de la nature et des animaux. Craintifs et sauvages, émouvants et devins. Enfant, j'étais là, ému d'avoir vaincu, avec toi les maux de la solitude, la nuit, ton tapetum lucidum.
J'avais décidé de te faire un petit cadeau, toi ma tutrice et ton compagnon, enfants comme nous tous des cieux, ils étaient si gentils de venir me voir par un froid de canard déguisé en pie, ou lors d'une pluie pernicieuse sans parapluie, même en pleines fêtes de fin d'année, tandis que plusieurs familles venaient me contempler, au compte-gouttes, garder espoir en sollicitant mes apparitions. En courant vers eux telle une affolée, regardant si personne en haut ne m'avait suivie, sautant dans les flaques d'eau, et charmant mes spectateurs emmitouflés, je mimais la distante, pointant mon bec dans le sens opposé de l'éphémère performance que je venais de programmer. L'intelligence artificielle ? Je m'en tape le cocotier !

Un arc-en-ciel, une demi-sphère entière, le dessin d'un point A à un point B, au-dessus de leurs têtes, avec des couleurs phosphorescentes dans le ciel gris bleuté. Il était apparu, selon mon programme, comme une touche en ouverture, au fur et à mesure, discrètement, comme s'il avait toujours été là, mais qu'ils ne le voyaient pas. Voici le dessein à venir ! Oui mes amis, vous êtes mon arc-en-ciel à moi et je souhaitais vous le dire !
Une jeune femme et son bien aimé, les regardaient passer derrière un arbre immense et touffu, ils disparaissaient comme des ratons laveurs masqués. Le couple avait trouvé assise sur un banc public en bois d'un autre temps et m'attendait. En effet, il m'avait vue la veille et souhaitait me revoir. Il y avait tellement de pies. Qui étais-je ? Laquelle ? Il pointait du doigt à quatre mains les arbres avec une appétence visuelle rare. Puis, ma tutrice réapparu derrière l'arbre, je fonce sur elle, je vole avec quelques virages audacieux, puisque je suis suivie, autant faire une arabesque bien maîtrisée, et je lui fais la fête. Le couple est ébahi, que se passe-t-il ? Quels sont ces hurluberlus ?

"C'est la pie, c'est la pie !"

Ils se lèvent et calmement vont à la rencontre d'eux, mes amis ! Une grande discussion, en ce début d'année, se déroule, comme au pôle Nord, et je deviens le petit intrus à terre, entre toutes ces grandes personnes. Je jongle à travers leurs chaussures diverses, et jette un œil en haut. Ils m'oublient la belle aubaine. La jeune femme charmante aux lunettes fines et rondes, sous la pluie avec un manteau étoilé raconte son histoire, celle de sa mère qui a vécu avec une pigeonne durant douze années ! Elle dit, à ma tutrice "Vous êtes sa maman" ! Ma tutrice répond, mais non, elle lui dit "Mais si" ?!

Puis, en réfléchissant quelques secondes, elle voit bien que non, je suis partout, en liberté et avec tous et avec personne. Pourtant, mais je sais qui est ma tutrice, j'apprends de ses histoires. Moi, je lui fais rencontrer un tas de personne, qu'elle n'aurait jamais pu rencontrer par ailleurs, et qu'aucune entreprise, ni institution, ni école n'aurait jamais pu lui faire rencontrer, dans sa ville même, des personnes venant d'autres villes et d'autres pays. L'ami de cette jeune femme, quasi mutique et émerveillé, amoureux, lui chuchote que celle ville est romantique, il n'ose pas dire qu'il est d'origine russe, avec la guerre. Avec sensibilité, ils passent un long moment à discuter, sous le froid, et la pluie glacée, sans oser partir se réchauffer, ma tutrice leur parle de plein de choses, des oiseaux. Le couple lui dit : 'Vous êtes experte !" Ils boivent ses paroles, et ils partagent leur expérience respective. J'observe qu'ils sont comme nous les pies dans les arbres avec notre conférence des oiseaux, à palabrer avant la fin du jour. Son compagnon dit qu'elle fait école. Ma tutrice leur raconte mon histoire mais aussi celle de l'albanais qui était venu me voir cet été. D'un seul coup, une personne siffle, imite le chant d'un oiseau, voici l'albanais qui apparaît, comme par magie. Le couple d'amoureux est émerveillé, il leurs montre des photos de lui et sa femme avec sa robe couleur fuchsia, et moi sur des fleurs en plein été. Il n'avait pas de travail, il est toujours fier de ses deux garçons qui ont réussi des études à l’université avec un Master. C'est le secours catholique qui l'accompagne. Il est toujours élégant, il boîte un peu, est toujours un peu triste, mais connait beaucoup de choses aussi. Ces érudits sont là, des connaissances dans un jardin, ce pays n'a pas les yeux pour la connaissance, c'est une curiosité que de parler avec des êtres différents, sans emploi, dont personne ne reconnaît leurs facultés. Ils sont tous réunis, ma tutrice leurs souhaite à tous une belle année et meilleure que l'année passée. Que ce moment est chaleureux pour eux ! Moi je suis une boule, j'ai d'autres chats à fouetter.
Une femme est venue à Noël, avec ses filles et son mari, de l'autre bout de la ville pour me revoir. Et voici qu'elle tombe sur ma tutrice qui passe un moment avec eux. Ils voulaient tout savoir sur les oiseaux, j'en ai profité pour enlever un morceau de cuir de ses chaussures à la curieuse ! Cette femme âgée, leurs annonce que le lendemain, elle doit préparer un repas familial avec 35 convives des membres de sa famille, et qu'elle racontera notre histoire à tous, avec photographies à l'appui. Ainsi, nous seront un peu de la fête, sans être là. Ses deux grandes filles d'une vingtaine d'années sont admiratives de mon petit corps qui circule partout, tandis que la femme âgée se balance les pieds, assise à côté de ma tutrice, elle veut tout faire pareil, elle veut tout comme elle, elle veut faire le perroquet, elle veut, elle veut, et puis elle s'en va, elle vient de retrouver ses 10 ans, son âme d'enfant, elle nous laisse et nous dit, on reviendra, cela nous a enchanté, c'est un beau cadeau !
Le monsieur de l'office de tourisme est venu voir ma tutrice, il faisait si froid, il lui dit qu'il a des visites chaque jour, et chaque jour, je suis là. Il en est venu à parler de moi à tous. Ma tutrice raconte mon histoire, il est étonné, il rigole, il se frotte les yeux pour y croire et lorsque j'apparais et saute sur sa tête à elle, il ne dit plus rien, il est estomaqué. Mazette !
Le lendemain, un groupe s'entasse devant une autre jeune femme employée pour faire des visites, elle ne me connait pas, il y a une dizaine de personnes et des enfants. Me voici avec mon petit costume, noir et blanc, préparée aux fêtes, je passe majestueusement à pattes parmi eux, ils se tournent vers moi, et baissent tous la tête en s'exclamant, comme s'ils avaient vu une licorne passer, mais minuscule, ras de terre, je détourne la tête l'air de rien, comme si je ne les avais pas vu, je fais ma distraite en piochant dans la terre. La jeune employée aux cheveux blond Botticelli reste seule à la porte et son groupe se détourne complètement de la visite me regardant au sol et me suivant... tel un dessin de Sempé ! La scène est hilarante !

Botticelli, Sempé ? Voici que je subis la déformation professionnelle de ma tutrice, la professeure, comme dit l’albanais.

La professeure et l'oiseau !

Elle passe avec des pâtisseries chez la voisine qui demeurait seule pendant les fêtes de fin d'année, elle approche des 90 années, son compagnon est son nouvel ami, ils trinquent avec du champagne, sous le rythme de son pacemaker et ses chaussons design et gris, elle leurs dit :

"Au revoir Monsieur et Madame Pie !" Elle glissait en soupirant, "Merci d'être venus, cela fait chaud au cœur !"
<3

Animal Par kiwaïda at 15:39
Nouvelle
Oiseau

 

03/01/2024

☾αρḯ✞@їηe

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Image du film "Moi capitaine" (Lo capitano) de Matteo Garronne (réalisateur notamment, du film italien poignant "Gomorra, basé à Naples) Film sorti en salles françaises, le 3 janvier 2024. La bande son du film est de Andrea Farri, avec le superbe Geoffrey Oryema et son titre "Exile".

 




Lo capitano, raconte, tel un conte, un long voyage initiatique, une odyssée, au péril de vies nombreuses. Inspirée d’une histoire vraie, celle de deux jeunes adolescents qui décident de quitter leur pays, rejoindre le Vieux Continent. Sénégal, Mali, Niger, Libye, et la Méditerranée, l'une des routes de la migration vers l’Europe. L'un deux devra prendre la barre d'un bateau pour traverser la Méditerranée avec, à son bord, des centaines de personnes parmi lesquelles vingt-cinq femmes et quinze enfants. Avec la fine interprétation de l'acteur sénégalais, Seydou Sarr, qui incarne l'histoire vraie d'Amara Fofana. Amara Fofana, a 16 ans, lorsqu’en 2014, il arrive dans le port d’Augusta, en Sicile. Un an plus tôt, avec un copain du même âge, il a quitté son pays, la Guinée, dans l’espoir d’atteindre l’Europe. Un périple de près d’une année qui passera par le Mali, le Niger et la Lybie. Là-bas, des passeurs l’obligent à prendre les commandes d’un bateau pour traverser la Méditerranée. A bord se trouvent 250 personnes. Amara Fofana les conduira sain et sauf en Italie après deux journées entières en mer. Le jeune homme n’avait jamais navigué. Il ne savait alors même pas nager. Arrivé en Italie, les autorités le prennent lui-même pour un passeur. Il est condamné à une peine de prison de deux mois ferme ainsi qu’à deux ans de mise à l’épreuve. A sa sortie, il entreprend des études secondaires tout d’abord et supérieures ensuite dans une école de marine, où il obtient son brevet de skipper. En 2019, il prend la direction de la Belgique.
Inspiré de témoignages authentiques, le film a nécessité deux ans de préparation et de documentation. Il a été tourné presque entièrement en wolof entre le Sénégal, l’Italie et le Maroc, avec l’aide d’interprètes. Le film a été tourné au Maroc, en Italie et au Sénégal pendant 13 semaines, avec des acteurs, non-professionnels.



Film Par kiwaïda at 13:27
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