25/03/2024

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RUTU (© Rita Angus) 1951



Betty Curnow (© Rita Angus) 1942


Rita Angus était une peintre néo-zélandaise, fille aînée d’un charpentier devenu patron dans la construction. Dès son plus jeune âge, elle souhaitait se consacrer sa vie à la peinture. Ses parents soutiennent son désir et lui donnent pour tuteur un ancien directeur du Canterbury College School of Art. La jeune fille étudie ensuite la peinture dans cet établissement de Christchurch – alors capitale culturelle de la Nouvelle-Zélande – auprès de Leonard Booth et de Cecil Kelly. Elle suit également des conférences à la Elam School of Fine Art d’Auckland en 1930 et découvre, par des reproductions, l’art de la Renaissance Italienne et celui d’autres maîtres comme le Hollandais Vermeer, dont l’œuvre la marque profondément. A 22 ans, elle se marie sur un coup de tête pour divorcer quatre ans plus tard. De 1934 à 1937, illustratrice pour un journal local de Christchurch Press Junior, elle travaille aussi à se forger une œuvre personnelle dans son propre atelier situé à Cambridge Terrace. Privée définitivement de maternité après une fausse couche, elle sera internée quelques mois dans un hôpital psychiatrique. Par la suite, elle vit en solitaire, se consacrant exclusivement à son art à North ou à South Island. Elle ne quitte la Nouvelle-Zélande qu’une seule fois, entre 1958 et 1959, pour un voyage en Europe organisé par les New Zealand Art Societies. R. Angus produit essentiellement des paysages et des portraits. Si elle réalise un nombre important d’aquarelles dans une veine lyrique, ce sont surtout ses grandes huiles sur toile qui la font connaître. Considérée aujourd’hui comme chef de file de l’art régionaliste néo-zélandais, elle propose une vision originale des paysages de son pays. Cass (1936) constitue une œuvre charnière dans la création de son style. Elle y représente une minuscule gare perdue au sein d’un immense paysage. Le trait est précis, vif, la couleur claire, rayonnante, caractéristiques que l’on retrouvera dans tous ses paysages. Dans les années 1950 – 1960, une inspiration surréaliste tardive se fait sentir dans plusieurs paysages qui jouent sur la déconstruction de l’image ou sur la présence d’objets étranges comme des pierres flottantes (Two Stones, 1966). Ses portraits, tout comme ses nombreux autoportraits, présentent la même clarté, la même insistance sur la structure et la même franchise de couleur. En 1936-1937, alors même qu’elle vient de divorcer et de tomber malade, elle se peint en femme sûre d’elle-même, élégante, moderne, avec gants et cigarette, le regard affûté. À la fin des années 1930 – ses années mondaines –, elle fait de nombreux portraits qui présentent la même touche dans la construction (Fay and Jane Birkinshaw, 1938). Elle peint également quelques œuvres au caractère symbolique, dont trois « portraits » de déesses qui sont la réponse de cette pacifiste résolue à la Seconde Guerre Mondiale. Active pendant près de quarante ans, elle n’a guère atteint la notoriété de son vivant. Elle n’obtient sa première exposition personnelle à la Center Gallery de Wellington, qu’à l’âge de 49 ans, et son art n’est présenté que deux fois à l’étranger, dans des expositions collectives sur l’art néo-zélandais – à Londres en 1956 et à Washington en 1969. La reconnaissance lui vient à titre posthume, avec une grande exposition rétrospective itinérante en 1983-1984, véritable révélation qui marque durablement de nombreux artistes néo-zélandais contemporains. Le centenaire de sa naissance a donné lieu à une nouvelle rétrospective, à Wellington, qui a réuni plus de 400 œuvres. L’œuvre de Rita Angus (1908-1970) est dominée par l’autoportrait. Dans leur caractérisation sans faille, ces portraits reflètent des voyages à la fois techniques et spirituels. Beaucoup sont strictement objectifs mais d’autres, comme cet ouvrage, sont hautement symboliques.








Sa peinture, Rutu de 1951, a été réalisée  peu de temps après que l'artiste se soit remis d'une dépression physique et mentale et constitue probablement son autoportrait le plus imaginatif. La représentation de Rutu fait référence à de nombreuses représentations de la Vierge Marie, mais elle a la peau foncée et les cheveux clairs. Derrière elle, le soleil ressemble presque à un halo. Rutu regarde l'intérieur des terres depuis la mer de Tasmanie et son trône est orné de coquillages et de végétation luxuriante. Cette peinture fusionne les emblèmes chrétiens et pacifiques dans une célébration d’une culture hybride et uniquement néo-zélandaise.

Le portrait de Betty Curnow de 1942 est le résultat de nombreuses séances préparatoires et discussions sur le portrait avec Elizabeth Jamaux Curnow, peintre et graveur. Les deux femmes ont collaboré en sélectionnant les objets et les costumes qui représenteraient le mieux Curnow, sa vie de famille et son histoire. Les objets entourant Curnow sont imprégnés de symbolisme personnel. Elle est proche des siens, assise sur la chaise de sa grand-mère devant le portrait de son père. La présence de son mari, le poète Allen Curnow, transparaît dans ses nombreux livres. Elle tient le pantalon de son fils Wystan qu’elle était en train de raccommoder. Une aquarelle d'Angus, offerte à la famille, est posée sur l'étagère. Il fait référence à l’enfance de Curnow à Canterbury. Tant l’impression de la scène des récoltes de Jan Brueghel que les formes ovoïdes répétitives font allusion à la fertilité. Le charisme de ce portrait en a fait un emblème de la peinture néo-zélandaise.

Au milieu des années 1930, Rita Angus avait la vingtaine et travaillait comme artiste commerciale indépendante, écrivant et illustrant des histoires dans le supplément Press Junior, dans un petit studio de Chancery Lane à Christchurch. Elle faisait partie d'un réseau de femmes indépendantes travaillant dans les arts, dont Olivia Spencer Bower, Louise Henderson, la violoncelliste Valmai Moffett et son amie Jean Stevenson, rédactrice en chef du Press Junior. À cette époque, elle faisait des voyages réguliers pour explorer la campagne néo-zélandaise ; elle rendait fréquemment visite à son amant Harvey Gresham à North Canterbury.

Ses paysages et ses portraits sont très contemporains, les détails semblent quasiment être réalisés parfois depuis une vitre de train, lors de ses déplacements. Graphiques, ses peintures sont aussi le résultat de son attrait pour les mathématiques, la géométrie, tant dans la rupture académique, que dans le découpage des vues et des présences humaines, des poteaux de télégraphes, des lignes déssinées par les télécommunications, le mouvement des herbes et des nuages tourbillonnant. Nous sommes face à des illustrations graphiques splendides, réalisées par une artiste peintre qui est née le siècle dernier.

C'est la première fois que je découvre le travail d'une artiste, grâce au programme de Google qui permet de voir des Musées, ou visiter les œuvres de ceux-ci. Lorsque l'on n'a plus accès aux Musées, c'est une belle digression, s'apercevoir qu'un accès demeure encore là, pour celles et ceux qui aiment la peinture, l'art et tant d'autres choses. Puissions nous croire aux jours meilleurs.


Art Par kiwaïda at 00:17
Peinture
Soleil

 

18/03/2024

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Dessins © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

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Un merle noir plongea sur moi, il criait. Je faisais comme si je ne le voyais pas, je le toisais. Mais, il décida qu'à chaque fois que j'entrais dans son périmètre, de foncer sur moi. J'avais fait quelque chose qui ne lui plaisait pas, et il souhaitait me le dire. Je ne savais pas quoi, ni quoi dire, ni pourquoi était-il en colère ? À la tombée de la nuit, il me fit comprendre certaines choses. J'étais arrivée à un seuil, je devais m'émanciper, je n'étais plus une petite pie, l'enfant des pies. Il était si insistant, que cela ressemblait à une forme de harcèlement. Ma tutrice interrogea ce merle.
Son cri d'alarme était un "tjuk" sonore, répété 5 ou 6 fois, et dont le rythme s'accélérait tout en allant crescendo, puis il devenait un peu hystérique, il semblait très inquiet. Sa tonalité devenait aussi métallique "tjink tjink tjink", lorsqu'il défendait les limites de son espace.
Au crépuscule, il commençait par une mélodie enchanteresse, puis lorsque je me baladais par inadvertance, faisant mine de ne pas le voir, en plongeant mon bec dans une flaque d'eau grisâtre, il fonça sur moi en poussant des cris stridents.
Je décidais d'entrer dans la conférence des oiseaux ce soir, sur une branche près de lui et sa compagne, je me posais le regardant.
Le merle noir n'arrêtait pas sa complainte. Le rouge-gorge se posa ensuite à côté de lui, j'étais encerclée, j'écoutais, j'entendais bien ce qu'ils me racontaient.
Puis le couple de pies se posait en face de nous, un peu plus haut.
Et, bien plus bas, mes tuteurs nous regardaient.
Dans le silence de ce soir- là, tout était déplié.
Nous étions au seuil.
Le merle me côtoyait depuis des mois déjà, nous avions passé l'hiver ensemble, il est vrai que je le taquinais de temps à autre, surtout s'il venait à boire dans ma flaque d'eau à terre. Il n'avait pas peur de moi, ni des êtres humains. J'admirais son chant et son plumage noir lustré, son cercle oculaire jaune vif et son bec d'or. Son amie d'un brun plus pâle et tachetée n'était jamais très loin. Le premier à chanter le matin ou l'un des dernier du soir. Le rouge-gorge est de sa famille. Il mange des lombrics, il ratisse le sol à fond. Il a trouvé sa compagne cet automne, je l'ai vu avec ses disputes vives, tous deux, se poursuivant et essayant de voler l'un au-dessus de l'autre. Ils sont champions de la reproduction, et peuvent élever jusqu'à 5 couvées en une seule saison. La première est souvent détruite, pas très bien dissimulée par les feuilles.
Comme tous les turdidés, je regardais le merle recherchant sa nourriture au sol, il m'arrivait de le copier. Ils trouvaient sous les arbres et les buissons des escargots, des vers, des scarabées et des larves d'insecte. Les feuilles mortes furent retournées dans tous les sens. Il est souvent querelleur ce merle noir et chasse ses congénères, mais aussi les autres oiseaux. Il était un peu stressé, mais stressant aussi.
Ma tutrice m'interroge : "As-tu détruit le nid du merle, ou as-tu empêché ce couple de réaliser leur architecture ?"
Je lui dis : "As-tu vu des œufs bleus ?"
Alors que nous avancions dans la conversation, tous, j'étais située entre les merles, les pies et le rouge-gorge, je décidais de voler entre mes tuteurs.
Ils décidèrent de méditer, nous nous envolions tous la nuit venue.
Le jour venu, la clarté d'un ciel quand même opaque, laissait le blanc des baskets très éclairant.
Gris partout, pas de merle, en vue.
Le rouge-gorge sacré, vint se baigner en toute confiance dans ma flaque grise.
J'étais prête à partager.
Les merles pouvaient recommencer leur construction, mieux dissimulée.
En attendant, ma tutrice m'expliqua 2 ou 3 choses. Cela reste entre nous.
Elle me raconta l'histoire du merle blanc. Je décidais de la réserver et la raconter ensuite au merle noir, celui qui me chasse.
"Mais", lui demandais-je, "pourquoi ses œufs sont bleus ?"
Le merle est discret pour conquérir son amoureuse. Sa parade est à l'abri des regards, pourtant sa panoplie est large de cris aigus aux gloussements, à la large ouverture de son bec d'or, sa queue étalée ou redressée. Il s'accouple très rapidement. La merlette qui se charge de la construction du nid, avec ce qui lui tombe sous la patte ou le bec, y compris des matériaux plastiques récoltés çà et là. Le nid peut être installé aussi bien dans un buisson de lierre très dense que sur une enfourchure de branche. La femelle pond entre 3 et 6 œufs, et elle assure la couvaison quasi toute seule pendant 2 semaines. Le couple assure la subsistance pendant 3 semaines. Après, tout ce petit monde dehors, et on peut recommencer. Tout est si rapide ! Outre l'effet parasol de la couleur bleue des œufs de merle, il semblerait que cette couleur, favorise le signal au merle mâle de mieux prendre soin des œufs. Des scientifiques ont réalisé une expérience à ce sujet. La couleur des œufs serait le signal de la qualité et de la santé de leur compagne, une femelle en bonne santé engendrant de bébés plus sains. Si les œufs bleus sont plus brillants, ils seront nourris deux fois plus à l'éclosion par le mâle. La couleur bleue des œufs du merle est due à la biliverdine, un pigment déposé sur la coquille de l'œuf lorsque la femelle pond. Il existe certains indices suggérant que les niveaux les plus élevés de biliverdine indiquent une femelle plus saine et donnent des œufs d’un bleu brillant. Les œufs pondus par une femelle saine semblent ainsi encourager les mâles à s'intéresser davantage à leurs jeunes.

"C'est bien ce que je leurs disais, non seulement, ils devraient mieux réaliser le nid, mais en plus, ce merle devrait mieux s'occuper de ses enfants !"
"Ce n'est pas une excuse valable pour piquer dans la construction, ni même si tu vois des œufs bleus qui t'intriguent, ce sont des bébés merles en devenir, ne touche pas à ces bijoux célestes"

Le lendemain, le merle s'installa avec sa compagne au crépuscule, et nous offrit son chant mélancolique si doux de notes flûtées, claires et sonores, un autre en faisait de même.
C'était le moment de découvrir des secrets, de passer la porte.

Je décidais de raconter l'histoire du merle blanc :

 Sur les conseils d’une pie, un oiseau blanc était entré dans une grotte magique pour y chercher le trésor inestimable du Prince des richesses. Atteignant une seconde grotte intérieure, l’oiseau y découvre un tas de poudre d’or. Plongeant son bec dans la poudre, il est surpris par le démon gardien du trésor qui, crachant flammes et fumée, se précipite sur lui. Réussissant à s’envoler de la grotte pour échapper aux griffes du démon, l’oiseau blanc s’aperçoit qu’il est devenu noir et que son bec est resté d’un lumineux jaune d’or.

Je lui donnais des baies de sorbier et nous avons fait la paix, chacun sachant ses limites de l'autre, dans notre aire de jeu. Ce merle noir était le forgeron, il m'invitait à travailler dans la forge de mon cœur et à faire un bon ménage de printemps ! Moi petite pie, je décidais de ne pas rester sur le seuil, comme m'invitait le merle noir, et de franchir un nouveau monde, ne pas refuser d'assumer mon pouvoir et mes responsabilités. Oui je pouvais détruire les œufs bleus, mais ce pouvoir je ne l'utiliserai pas, afin de rester parmi mes amis merles, je prenais mes responsabilités. Même si le merle me provoquait, je ne rentrais pas dans le conflit. Car, je savais, au fond de moi, que j'avais un pouvoir. Je souhaitais lui faire savoir que j'avais la connaissance de sa découverte des trésors, tout cet or était à lui, petit forgeron, et sa capacité de reproduction exceptionnelle. Je savais aussi, que son espérance de vie était réduite, alors, j'étais heureux de voir ce merle retrouver la paix. Je sais qu'il peut recommencer à se montrer attaquant, mais il saura alors, trouver en moi, le respect de son or.



Philosophie Par kiwaïda at 14:13
Oiseau

 

14/03/2024

ℒїṧα ♏◎☺яℯ & ℙнḯliρ Ḡʟ@ṧṧ

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Musique Par kiwaïda at 23:25
Piano

 

13/03/2024

ÐϴÜÐѺÜ

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Peintures © Sonia Marques

DOUDOU

Au bout du désert ... Doudou.
Flou artistique.

Cendrillon, le retour !
Olympe du 10 mai !


Peintures © Sonia Marques

Suite des Kis peintures 

Art Par kiwaïda at 00:29
Jeux
Peinture
Blonde

 

08/03/2024

40 ¢@ґêღℯ

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Peintures © Sonia Marques


Journal d'une pie (extrait)

Les chiffres sont énigmes et durées.
Je me demandais ce que ces jours formaient comme durée. Ma tutrice me racontait qu'il y avait comme une mise en quarantaine en ce moment.
C'était la période du Carême, du désert, des carnavals, sans carne, sans viande...

Mais, je ne suis pas du tout dedans, lui dis-je.

Si, c'est aussi une forme de pénitence, il est certain, me dit-elle, que tu sembles définir une récréation, alors que non, tu jeûnes aussi.

Pas tout le monde ne connait le calendrier de ce silence. 
Le carême pour les chrétiens est d'une durée de quarante jours.

Il y a le ramadan pour les musulmans, entre mars et avril. La racine arabe « ar-ramad », signifie « chaleur accablante ». Il y a toujours des anges dans toutes ces histoires.

Des volatiles, tu veux dire ? Des choses avec des ailes ?

Oui mon amie.

Dans ces calendriers, beaucoup souhaitent une trêve dans les guerres, quand d'autres la provoquent au mauvais moment.

Le Carême commence le Mercredi des Cendres, mercredi 14 février 2024, et s’achève le Jeudi Saint, le jeudi 28 mars 2024, avant la célébration de la Cène du Seigneur.
La Semaine Sainte, qui commence avec le dimanche des Rameaux le 24 mars 2024, commémore la Cène, la Passion et la mort du Christ sur la Croix.
Le Samedi Saint au soir et le dimanche de Pâques, le 31 mars 2024, les chrétiens célèbrent la résurrection du Christ.

Quel programme !

En temps de carême, les chrétiens vivent un temps de conversion, ils se rapprochent de Dieu. Ils repoussent le mal afin de créer une nouvelle relation de pureté.
Aussi dans les traditions, ils ne mangent pas de viandes, mais il y a des variations, parfois le dimanche oui, avec même du chocolat et du vin.

Je ne sais pas ce que c'est que le chocolat !

Tant mieux, me dit-elle !

Mais, tu peux dire tes difficultés en ce moment, je t'ai vu être embêtée de nouveau par un jeune avec un bâton, qui tentait de te faire du mal, et j'ai entendu des êtres humains dire que tu étais handicapée...

Je m'en tape des commérages ! C'est le premier qui le dit qui l'est ! L’intelligence peut-être perçue comme un handicape...
Vois-tu, je survole tant d'ignorance, qu'à partir d'une certaine hauteur, je vois tout autre chose.

Et puis je suis une parmi les autres, nous les pies, nous cultivons l'invisible, et l'intelligence est notre cape d'invisibilité ! Nous avons l'air bête et distrait, hors nous voyons au-delà de ce qui est visible à l’œil nu d'un être humain.

Alors, me dit-elle, viens vite à mon aide, à mon secours, sans toi, je n'y arriverai pas.

Te souviens-tu du désert ?

Oui, ce sont aussi les 40 jours dans le désert du peuple d’Israël entre sa sortie d’Égypte et son entrée en terre promise.
Mais aussi les quarante jours passés par le Christ au désert entre son baptême et le début de sa vie publique.
Ce chiffre de quarante symbolise les temps de préparation à de nouveaux commencements.

Un temps de conversion.
Au désert, le Christ a mené un combat spirituel dont il est sorti victorieux.

Tes 40 jours se sont convertis en plusieurs années bleues.

Oui car il y a eu la chaleur accablante comme ar ramad, et la pluie des tropiques du cancer et du capricorne et les batailles de foins, et les silices blanches quotidiennes...
De l'Encens et de la Myrrhe...

Regardes le tableau du Combat de Carnaval et Carême, une peinture à l'huile de Pieter Brueghel l'Ancien, réalisée en 1559, très certainement à Vienne ce moment, en Autriche.
C'est une grande fête traditionnelle, plusieurs personnes se chamaillent sur une place du marché, il y a du poisson et de la viande, et des personnages masqués.
Ce qui est admirable, c'est qu'il n'y a pas d'agressivité, de violence, c'est un temps religieux, où le carême est respecté, il y a une ambiance bon enfant.

Tu vois que tu figures bien dans cette récréation festive et respectueuse !

Mais, tu entends cette jeune femme désespérée qui pleure à gros sanglots et qui tape dehors partout et s'explique à un jeune homme ? Quel déchirement !

Oui, c'est qu'il y a un seul jour, dans notre pays, dédié aux droits des femmes.
Mais, il n'est pas respecté, c'est comme pendant le carême, il existe des êtres humains qui ont des envies de guerre.

Alors on pourrait faire un carême à la place ? 40 jours ?
Oui c'est une idée, allez on va la soumettre, on fera diversion, on s'occupera enfin de l'intérieur... de tous.

Et puis c'est un jour où les êtres humains aiment repasser de vieux films où les actrices s'aperçoivent qu'elles sont actrices et dirigées, sur le tard.
C'est très ennuyeux, ce bal des victimes. Chaque année, à la même date, les êtres humains aiment projeter le documentaire "Sois belle et tais-toi " de Delphine Seyrig, tourné en 1975, une caution féministe.
Sur la durée, c'est très conservateur, in fine. À l'heure où un nombre conséquent de jeunes femmes filment et se filment partout, dirigent l'intégralité de leurs images, il semble que d'autres souhaitent revenir au bon vieux temps des contraintes.
Il y a un charme désuet à le revoir, comme les corsets revisités par Margiela. Ou, comme les uniformes à l'école. L'imagerie de l'ordre, alors que tout est désordre.
Un mythe Sisyphe, comment mettre de l'ordre dans l'anarchie ? Dès que l'on donne un ordre, un désordre survient, bien pire qu'avant. Vouloir la guerre et ordonner, c'est détruire assurément et pour longtemps, déconstruire, ruiner des pays, briser des générations, anéantir ce qu'il nous reste.
Mais peut-on fermer les yeux indéfiniment lorsque meurent des êtres humains, c'est nous aussi ? Avons-nous su tirer expérience des années de paix ? Serons-nous considérer la valeur des choses et non dévaloriser sans arrêt toute chose de toutes natures ? Ne plus toucher l’œuvre de Dieu, comme un parfait tableau.
Tout le monde veut être artiste, et repeindre à sa manière...

Mais lorsque l'on subit une guerre, peut-être que l'on s'aperçoit seulement 10, 20 ou 40 ans plus tard de qui était aux commandes, sans consentement ?
Passer tant d'années à se défendre, sans trouver le repos.
Sans carême.

Être simplement actrice dans un film. Être humain dans une guerre.

Il y a un film tchécoslovaque qui me fait penser à toi, petite pie, que j'ai beaucoup aimé : Les Petites Marguerites (Sedmikrásky) réalisé par Věra Chytilová, sorti en 1966. Le film fut frappé par la censure et empêcha Chytilová de tourner durant sept ans, compliquant grandement la suite de sa carrière. Et on empêche aussi les enseignants de le montrer, pourtant il montre deux femmes qui jouent et expérimentent un tas de choses comme des enfants. Les actrices jettent de la nourriture et ce fut considéré comme choquant. Le traitement du film est magnifique, sa colorimétrie, il est très riche d'inventions. Sa narration fut accusée d’être sans queue ni tête et son récit « incompréhensible ». Il dénonce frontalement la décadence d’un état censeur et autoritaire et avait peu de chances de plaire aux élites communistes. À l’intérieur de la Tchécoslovaquie, l’accès à son travail fut contraint afin de s’assurer qu’il soit le moins vu possible. Cela ne te dit rien, mais cela arrive. La visibilité des artistes peut se trouver limitée, l'accès à l'école, à l'enseignement aussi. L'activité même artistique est drastiquement restreinte. Tout déplacement, pour les femmes, peut aussi être restreint, et si elles sont artistes...

Il y a des oiseaux !
Seulement à qui sait les voir et les entendre.

Tu es une femme ? Je pensais que tu étais un ange.
Une nage veux-tu dire ?

Hihihihi ! Hahahaha ! Pica Pica !

L'abandon du bal des victimes s'effectue lorsque les femmes décident, on peut l'observer dans la direction de film. Une française, Justine Triet, parcourt et, se déplace pour présenter son film, Anatomie d'une chute, jusqu'aux États-Unis, avec son compagnon Arthur Harari, co-scénariste.
Leur réalisation décortique les sous-bois d'une violence conjugale, la relation entre un homme et une femme, tous deux auteurs, écrivains, quand les égos se trouvent confinés et leurs vies intimes décortiquées lors d'un procès. L'enfant, victime collatérale des violences et handicapé, et la femme qui porte toutes les charges. L'intelligence de l'enfant guide le procès, et, l'intériorité de la femme écrivain qui veut sauver son mari, sans évoquer les violences subies, forment la lumière et les ténèbres d'un drame.
La jalousie décrite subtilement entre les deux auteurs, écrivains, femme et homme, dans le film, est, peut-être l'expression d'un vécu des co-scénaristes, à l'écriture du film. Eux-même confinés lors de la pandémie récente. Je l'ai analysé comme le désir symbolique de la chute de l'homme auteur, au profit de la femme, qui est accusée de l'avoir tué. Dans la réalité, la lutte conjugale entre Triet et Harari, et artistique, est palpable et affleurante à chacune de leurs apparitions publiques. Ce film est une conjugaison dans tous les sens du termes. Il est conjugué d'idées opposées et, se trouve conjugable à divers prix contemporains.

Elle a fait la même école que toi, l'école nationale des Beaux-arts de Paris, au même moment !

Oui, on peut dire qu'elle représente aussi une idée de cette formation artistique à une large palette de réalisations. J'ai trouvé le scénario mieux écrit que ces films antécédents.
La présence animale, du chien, symbolise le guide voyant de l'aveuglement général, sur ces violences intrafamiliales, dans notre pays.

Le petit garçon qui voulait te taper avec sa longue tige trouvée à terre de l'arbre où tu étais tranquillement installée, c'était pendant ton carême.

Mais son père ne disait rien.

Non, il avait déjà une jambe qui boitait et un chien bien plus grand que lui, blanc, qui déambulait très lentement. Ce sont des familles circassiennes. Le chien semblait guider l'homme handicapé et l'enfant exprimer sa guerre interne.

Merci, de m'avoir sauvée.

De rien petit archange.

Si, si, j'insiste, merci mon gros Bouddha.

Paysage Par kiwaïda at 01:51
Femmes
Paysage
Ange

 

05/03/2024

Ħiℙ ℋѺℙ

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Photographie © Sonia Marques



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Journal d'une pie (extrait)

Je lui trouvais un air cosmonaute. Elle me fait écouter Sakura.
La pluie nous envoie ses larmes minérales.
Nous partions faire un safari Uchu Tanjyo, merci Susumu Yokota.
De l'Acide au Mont Fuj i
Zenmai !






Musique Par kiwaïda at 00:15
hip-hop
ambient
house
Oiseau
Photographie

 

04/03/2024

ℙøüṧ﹩їèґ℮ṧ

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Peintures © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

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Poussière sur les vitres
Le temps est passé
Que vois-tu ?
Tant de choses
Je ne lave pas
Les couches se superposent
La vie est vieille
Quand je suis née
Elle était déjà là
Je la regarde
De travers
Et elle
Ne me voit pas

Elle est poussière
Je suis transparente

Je transparais
Elle s’époussette

Je lisse mes plumes
Je lèche mes poils

Le temps s'absente
Le présent disparaît

Et puis un jour

Le ciel est bleu

Et tu es là




Peintures © Sonia Marques

Enseignement Par kiwaïda at 16:32
Couleur
Poésie