René Magritte
L’artiste peintre, René Magritte nait le 21 novembre 1898 à Lessines en Belgique. Fils d’un tailleur et d’une modiste, René Magritte fréquente à l’âge de 12 ans un cours de dessin. Grand lecteur de bandes dessinées, amateur de cinéma et de photographie, le jeune garçon est un amoureux des images. Orphelin de mère, elle se suicide alors qu’il n’a que 14 ans, Magritte réalise ses premières toiles pendant la Grande Guerre. De Châtelet en 1910, la famille déménage pour Charleroi en 1913, un an après le suicide de sa mère dans la Sambre. Il fait la connaissance de Georgette Berger, puis débute officiellement la peinture en 1915. Inscrit à l’Académie des Beaux-arts de Bruxelles en 1916, il expose ses deux premiers dessins et ses deux premières toiles. Peignant dans une veine impressionniste, il reçoit des cours dispensés par les artistes attachés à l’Art nouveau. Magritte vit de rentes paternelles, mais aussi de ses travaux en tant que décorateur et affichiste. Déjà, l’artiste montre un tempérament farceur, volontiers moqueur et proche des idées anarchistes, dans la veine du mouvement Dada. Inspiré par les avant-gardes, en particulier le cubisme et le futurisme, il peint des compositions abstraites. Le dadaïsme, et la peinture métaphysique de Giorgio de Chirico, produisent sur Magritte un bouleversement. Travaillant pour la publicité, il se lie parallèlement avec Francis Picabia, directeur de la revue 391. Ayant retrouvé Georgette en 1920, il ne la quittera plus et ils se marièrent en 1922. Pour gagner sa vie, Magritte dessine des papiers peints et des motifs publicitaires pour les maisons de mode. Il participe également à quelques expositions en Belgique et à l’étranger. En 1926, Magritte débute son parcours dans l’orbite du surréalisme, rencontre André Breton, Paul Éluard, Max Ernst et Salvador Dalí. En 1926, il peint Le Jockey perdu, tableau considéré comme le premier de son œuvre et adhère au groupe des surréalistes belges qui vient de voir le jour, composé de Magritte, Mesens, Goemans et Nougé. Deux ans plus tard, il expose une soixantaine d’œuvres à la galerie Le Centaure à Bruxelles, mais le succès n’est pas du tout au rendez-vous. Il décide de partir pour la France et s’installe dans la banlieue parisienne. Durant cette période, il réalise Le Joueur secret et Le Sang du monde. Il présente en 1929 La Trahison des images, tableau ou figure en légende "Ceci n'est pas une pipe".
La région belge de Charleroi, où il habite, est occupée par l’armée allemande. Il s’installe dès lors à Bruxelles et entre à l’Académie royale des Beaux-arts. Les rapports avec Breton sont houleux, bien que l’artiste illustre un de ses ouvrages dans les années 1930 avec son dessin Le Viol (1934). L’artiste belge joue sur les mots comme sur les images, interrogeant notre compréhension de la réalité et de ses représentations. Son style est volontairement neutre et d’une grande précision, un héritage peut-être de son travail dans le monde publicitaire. Dans les années 1940, Magritte renoue avec la technique impressionniste et n’hésite pas à verser dans un certain kitsch : c’est « la période vache ». Peintre très apprécié, bien que déroutant, il expose à travers le monde et bénéficie d’une rétrospective au MoMA de New York en 1965. Deux ans plus tard, malade d’un cancer, il s’éteint en Belgique. Un musée dédié à son œuvre est ouvert à Bruxelles en 2009, la plupart des œuvres exposées appartenant aux musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Sa maison bruxelloise se visite également.
Invité chez Dali à Cadaquès en 1929, Magritte fait la connaissance de Bunuel et Paul Eluard. De retour à Paris, André Breton l’intègre au cercle des Surréalistes. Il fréquente alors les frères Prévert, Tanguy, Miro et expose pour la 2è fois en 1930 à Paris rue de Seine, cette fois ce sont des collages. Se brouillant avec Breton, il retourne à Bruxelles et avec d’autres artistes inquiets de la montée du nazisme.
Pendant l’occupation de la Belgique, il s’enfuit à Carcassonne chez son ami le poète Joé Bousquet, mais rentre finalement après quelques mois à Bruxelles. Durant la guerre, il peint Le Retour en 1940 date à laquelle apparaîtront de manière récurrente l’oiseau et le bleu Magritte, et entame en 1943 sa période « plein soleil » ressemblant à la peinture impressionniste. Après l’exposition, le peintre Marc Eemans qualifie ces œuvres « d’art dégénéré » dans un journal flamand pro-nazi. A la Libération en 1945, Magritte s’inscrit au parti communiste (action qu’il regrettera quelque temps après) et publie un article sur le peintre James Ensor dans le journal Le Drapeau Rouge. Certaines belles œuvres faites entre 1945 et 1950 sont influencées par Matisse.
Peintre très apprécié, bien que déroutant, il expose à travers le monde et bénéficie d’une rétrospective au MoMA de New York en 1965. Deux ans plus tard, malade d’un
cancer, il s’éteint en Belgique. Un musée dédié à son œuvre est ouvert à Bruxelles en 2009, la plupart des œuvres exposées appartenant aux musées royaux des Beaux- Arts de Belgique. Sa maison bruxelloise se visite également.
Citations de René Magritte :
"Lorsque j’ai vu pour la première fois la reproduction du tableau de Chirico: « Le Chant d’Amour », ce fut un des moments les plus émouvants de ma vie : mes yeux ont vu la pensée pour la première fois"
"Ma peinture — comme toute chose — évoque le mystère, mais elle est conçue pour l’évoquer. Par conséquent, elle a une relation
immédiate avec lui."
"Les premiers dessins apparus dans les temps préhistoriques ont exigé de l'homme des cavernes une grande force mentale, non seulement pour les concevoir, mais pour oser les concevoir malgré les préjugés de son temps. Il est fort possible que le premier dessinateur ait été massacré pour sorcellerie dangereuse et qu'ensuite, grâce à un commencement d'habitude, d'autres dessinateurs aient été considérés comme des dieux, puis comme de simples agents de renseignements servant les desseins de l'héraldique naissante.
Au XXe siècle, ces différentes manières préhistoriques de comprendre l'art de peindre existent toujours."
("Le véritable art de peindre", dans Écrits complets)
"Le mot "Dieu" n'a pas de sens pour moi, mais je le restitue au mystère, pas au néant. "
(Les Mots et les images : Choix d'écrits René Magritte)
Je n'ai pas envie moi, je reste à l'ombre et pof !
Je fais tomber une crotte sur le beau pantalon turquoise
De cet homme qui l'adore
Du haut de mon arbre à copines
Il est charmant
Mes amies les petites pies sont comme moi
Elles sont si distraites et si fines
Leurs ailes s'ouvrent à chaque rire
Elles se posent partout
Là où les pies plus aguerries ne le feraient pas
En voici une sur le grand vase bleu outremer
Je vois le chat s'étirer à la fraîche dans son tipi gris
Le miracle d'un vent si frais, dans un temps si clair, si gai
Il fait beau partout, c'est tout !
Et puis demain la pluie qui jette un peu de folie
Sur mes pattes noires luisantes
Je viens je viens
Rieuse les pigeons m'offrent un chemin
Je suis leurs vols dans la légèreté de cet air
J'ai oublié les mauvais jours
Tu vois toutes ces herbes vertes
La nature est luxuriante bien plus que l'été dernier !
Clarté du ciel l'été va te blondir
Ta peau caramel se mêle à la crème glacé
Des vanilles ou des chocolats bleutés
Je sirote de l'eau de la piscine
Je sais ce n'est pas la plus naturelle
Mais voir ces petits êtres humains à fond de cale
Se dandiner comme leur dernier été
Me fait passer pour une colombe de la paix
Ils ne partiront pas en vacances
La sororité de ces mères et filles bulgares
Les garçons du Sahara sans parents les dents blanches
Sans aucun rêves de bateaux à voiles
Tous ces dégourdis aux popotins malicieux
Je suis comme eux, comme elles
Qu'importe les noms et les commerces
Aucune dépense dans les feuilles
J'ai de l'énergie à revendre !
Tu es ma passeuse d'eau
Neptune n'a qu'à bien se tenir
Mon penseur si haut
Moi aussi j'ai mon petit trident !
Regarde Poséidon
Le mien se nomme Céladon !
je n'ai pas envie
je n'ai pas envie
Moi pie laissez-moi en paix
L'arbre à soie est si rose
Acacia de Constantinople
En pleine floraison plumeuse
Sa légèreté infinie
Ses pompons où j'ai dormi
Quelle couleur à la paix ?
Celle qui dit
Je n'ai pas envie
Sous la lune pêche
Ou sur cette écorce kaki militaire
De ce grand tilleul ou grimpent des gendarmes
Rouges et noirs les plus inoffensifs
Elles sont si petites ces punaises de feu
Non la paix est or et argent
Comme ces poissons de l'océan
Elle s'épanouit dans la lumière
Et retourne dans les graves profondeurs des abysses
Comme dans le miroir de tes lunettes
Je ne vois plus tes yeux
Je les imagine
Doux
Poissonnerie, place Sainte-Anne à Rennes. Dans les années 30, c'était une poissonnerie entièrement ornée par Odorico. Au milieu trônait un crabe, aujourd'hui exposé au Musée de Bretagne.
La maison bleue à Angers.
La porte de la maison bleue à Angers.
Motif d'écaille sur la façade d'une habitation de Saint Brieuc.
Perroquets rouges dans un cabinet de toilette d'une maison angevine.
L'équipe de la sucursale d'Angers, sur le chantier d'une poissonnerie, en 1934
Photographies tirées du livre "Odorico l'art de la mosaïque" éditions Ouest France
Après la génération de l’immigration, Isidore Odorico fils incarne celle de l’intégration. Et si son père fut reconnu comme un artiste de la mosaïque, son fils se révélera surtout comme l’habile promoteur des nouvelles techniques dans tout l’Hexagone. Après avoir fait ses études aux beaux-arts de Rennes, il fonde la société Odorico Frères en 1918. Celle-ci prospère et des succursales sont ouvertes à Angers, Nantes et Dinard. En faisant passer son entreprise d’une poignée d’ouvriers à une centaine, Isidore Odorico assure non seulement son succès commercial, mais propulse une technique jusqu’alors artisanale dans l’ère industrielle. Les méthodes de travail changent. La petite musique faite de petites notes de couleurs, s’accélère, portée par un contexte très favorable. En 1922, il épouse Marcelle Favret, fille du
mosaïste Pietro Favret.
La famille Odorico
sources: Hélène GUENE : »ODORICO mosaïste art déco »
1ere génération : l’immigration.
Isidore et Vincent, émigrés italiens, viennent travailler à l’Opéra Garnier, chez le mosaïste Gian Domenico Faccina. Puis, ils s’installent à Tours en 1881, avec leur famille, comme employés chez un entrepreneur Italien, Joachim Novello, toujours dans la spécialité de la mosaïque.
En 1882, ils s’associent et fondent leur entreprise à Rennes, se spécialisant dans les « mosaïques vénitiennes et romaines, mosaïques de marbre pour dallage, mosaïque en émaux et or » comme l’indique leur carte publicitaire. Ils travaillent dans l’aménagement d’églises, d’entrées de maison, de quelques devantures et des paillassons et plaques de maisons.
2ème génération : l’intégration.
Isidore a eu 4 enfants. Deux survivront :Vincent (1879) et Isidore (1893). Après leurs études à Rennes, et pour Isidore, le cursus complet des Beaux-Arts, ils reprennent l’entreprise avec leur mère lors du décès de leur père, en 1912. Arrive la guerre de 1914. Isidore est mobilisé, puisque naturalisé Français. Vincent, handicapé par une scoliose, est dispensé. Après la guerre et jusqu’à la mort de Vincent, en 1933, ils sont associés, sous le nom de « Odorico Frères ». Il continue ensuite seul l’entreprise et la développe en une société comptant, avec ses succursales, plus de cent personnes.
Son génie est d’avoir su rationaliser la mosaïque en simplifiant la mise en œuvre par les systèmes de grilles ou les smalts étaient placées puis collées sur un papier
kraft permettant de préfabriquer des plaques élémentaires d’un ensemble.
Sa passion pour le football lui fait créer à Rennes l’équipe des « Rouges et Noir ». Il devient président et professionnalise son équipe, se déplaçant à l’étranger pour y chercher des joueurs.
Hélas, la guerre de 1939, le mobilise puis lui fera connaître bien des ennuis avec les Allemands. Du fait de son nom italien, il était anormal qu’il se batte contre ceux-ci, alliés de l’Allemagne. Il est suspecté d’être juif émigré en France, et un malheureux accident de la route lui fait renverser un motard allemand. Toutes ces agressions finissent par l’abattre. Il se réfugie à Etrelles avec ses ouvriers en 1944, pour s’éteindre en 1945.
Odorico après Isidore.
Sa veuve, Marcelle tente de continuer l’entreprise en s’associant avec Henri Baudoux, qui possède une entreprise de revêtements de sol à Paris. Toutefois, les goûts ont changé. Avec la reconstruction, les préoccupations de rapidité et de coût sont déterminantes. La production peu à peu va se dessécher, et l’entreprise disparaître. Lesœuvres d’Odorico sont nombreuses en Bretagne dans les églises, les bâtiments publics et chez les particuliers. On notera, pour ne citer que Rennes, la piscine St Georges (1925), en style Art-Déco et son bassin bleu cerclé d’une frise évoquant les vagues. Plusieurs anciennes maisons gardent encore le témoignage de ces créations.
J'étais passée dans tes rêves d'indienne, sous l'eau, en nage pow wow avec mes plumes de sioux...
Pendant que tu lisais Isidore Odorico, le mosaïste d'origine italienne, et ses belles œuvres à travers les maisons, hôtels, piscines, du Finistère, d'Angers, de méditerranée... Breton issu d'une dynastie d'artisans italiens, des immigrés.
Émaux, mosaïques, grès, faïences... De la couleur, des pixels, des voyages...
Paysages, dépaysants.
Se dépayser d'ici...
Je vole vers toi !
Voici un an vous m'appreniez à jouer... de la musique.
Ma queue était celle d'un mâle n'est-ce pas ?
Quelle drôle de phrase.
Si longue et belle.
Tu m'as raconté cette histoire saugrenue, que vous, êtres humains aviez vécue, porter des masques et demeurer confinés, pour toi rien n'avait changé.
Je t'ai connue ainsi, à demeure, mais complètement déconfinée.
Si je t'avais connue pendant ce passage pandémique, rien n'aurait changé, de nos rendez-vous.
Pouvons-nous nommer ces interludes, "rendez-vous avec la nature" ?
Non, de quelle nature est-ce ?
Respecter les lois humaines est-ce respecter la nature ?
J'éprouve un désintéressement pour vos lois, et, celui-ci, manifeste l'éclatante injustice des droits bafoués et piétinés, bien que je ne marche pas tout le temps, j'ajouterai, violés.
Car il y a dans ce terme, le viol, une sorte de piétinement du vol, comme un premier vol, ou le "i" s'en mêle.
Ce qui révèle une éthique fière et légitime.
Mon vol est une muette exigence de réparation, au regard du viol de la nature.
Tu me dis qu'ici bas, les communistes ont oublié la transformation.
De leur manifeste sur l'homme exploité, aliéné ou mutilé, ils ne révolutionnent plus leur sort. Ils vont même jusqu'à châtier, ou ostraciser celles et ceux qui s'émancipent de leurs conditions.
Alors, cela me fait penser aux animaux domestiques.
S'ils sont trop nourris, ils s'empâtent et demeurent à côté de leurs maîtres, et dorment auprès de leur gamelle.
Tu vois, tu m'as foutue dehors, j'ai tout appris, certes tu n'étais pas loin, mais assez distante afin que toutes mes expériences désastreuses comme merveilleuses, tu n'en as eu que des miettes, des bribes.
Ta nature artiste a sublimé notre relation.
Quelques années auparavant, tu apprenais que de faux révolutionnaires s'étaient cachés derrière la loi, sans la porter.
Affairés aux mauvais soins des autres qu'ils considéraient comme des intrus, s'arrogeant masqués le droit de les confiner dans le langage obséquieux des laquais, les obligeant aux honteuses capitulations.
Il n'y avait plus de transformation, et que dire de la loi respectée ?
Et des devoirs ?
Ni récompenses, ni consolations, moi aussi, je suis dans un désintéressement qui force la dignité à s'exposer face au viol qui pense être le vol d'un oiseau.
Notre mérite est bien là et invisible aux lois.
Nos œuvres ne s'inscrivent pas dans des comptes à régler avec ces lois qui violent, seul le ciel rétabli la balance du crédit en notre faveur, et de tout solde, de tous comptes.
Chaque minute et chaque vol, le ciel sait à qui, il a affaire.
Il est porteur des lois de la nature. Aucun procès, aucun oubli, aucune persécution, et, aucun excès possible.
Tout être est enfin soi, et aucun ne peut dire, je n'ai aucun droit, alors que d'autres en ont.
Avec moi, tu le sais, la dignité est un bien commun, il forme un "nous" et un "je".
Ainsi je dis que notre humilité contre-balance l'humilié que les lois projettent sur nous, afin de constituer des victimes, ce, sans quoi, il n'y aurait pas de lois, car écrits par les violeurs mêmes.
Si les êtres humains ont inventé des lois pour devenir maîtres de tout, en tâchant d'éduquer ce tout vers l'humilité, cette espèce de conscience servile qui déforme et les penche vers l'obéissance aveugle, dans l'attente d'un maître à penser, ils se trompent souvent de maitre, ainsi leur conscience devient rancunière.
Ils doivent ramper longtemps les murs, de peur des menaces terriennes.
À tort, on peut penser que je me suis abandonnée dans un vulgaire laisser-aller. J'emporte l'humilité dans mes vols, car je ne suis ni cobaye, ni une curieuse suspecte dans ma conduite.
Tu m'as appris à jouer, jouir de recevoir, je t'apprends à voler, à savourer avec délice la volupté des ambivalences, des équivoques laissant démunies les projections. Déliées sont mes volutes et retournements dans mes vols aériens, aucun plaisir doloriste, la maladie ne dure pas. Comme moi, tu provoques les plaisirs coloristes, tu ne peinturlures pas, tu composes avec la couleur qui t'est donnée.
Tu es photographe des instants, à la volée, comme mes vols d'oiseau.
Marcher à quatre pattes, et proclamer avoir des droits est incompatible avec l'humilité innocente, marcher à deux pattes c'est encore accuser le sort d'avoir oublier les ailes et faire la comédie de se croire volant.
Et voler pour la vie c'est jouer plutôt qu'humilier.
J'admire en toi, les souvenirs et la transformation, les êtres humains en sont capables.
Se souvenir est leur devoir.
Tu me dis que dans ton pays, les habitants perdent la mémoire.
N'est-ce tout simplement que vieillir est une notion plongée dans le déni, que s’effacent les histoires, le désir s'étiole, les goûts s'affadissent ?
Ici sont effacés celles et ceux qui savent, afin d'avoir l'air toujours jeune, mais n'apparaissent que des philistins.
"Ne te réjouis pas, pays des Philistins, de ce que la verge qui te frappait est brisée! Car de la racine du serpent sortira un basilic, et son fruit sera un dragon volant"
disait un passage de la bible.
J'étais ton béotien, je suis devenue ton séraphin.
Je demeure ta séraphine, belle et délicate
.Ta fierté douce sous mon profond regard, bleu. Ta bonté noire de pie.
Tu m'as confinée dans le ciel, pour mieux te voir, dans ton environnement.
Quoique j'ai compris que je pouvais aussi te perdre, sous l'eau, tu deviens poisson.
Vu d'en haut, tu le sais pour l'avoir parcouru, même dans le Tage, on ne se baigne pas, on n'y trouve ni la jouvence, ni l'innocence.
Alors la Seine, sera-t-elle le bain des mémoires oubliées de ton pays ?
La pêche miraculeuse de l'expérience du passée ?
Dans les rues, aux coins des jardins, sur les bords de l'eau, des lacs, en haut des montagnes, au creux des vagues, de mystérieux conciliabules palabraient, tandis que les espaces de réunions de travail restaient vides.
"Ils ne savent plus pourquoi ils étaient venus se réunir"
C'était une des phrases de ton projet artistique, Ready for the meeting, que tu avais réalisé en 2013. Il avait été apprécié et sans te prévenir, on le retrouvait garnir les sites Internet d'autres artistes, pour une belle devanture, sans te demander quoique ce soit, ni quel était ta création.
Alors tu réalises de nouveau un "remake", pour rester dans la langue anglaise, ces jours-ci.
Ours, pingouin, chat, dromadaire sont de nouveaux présents, dans ces salles vides, sauf qu'ils sont devenus roses et plus fantomatiques. Tu m'expliques qu'ici bas, il y a des tractations politiques de tous bords avec des verbes usités :