Fantasma
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Projet : Ces dessins ont fait partie du dossier de candidature que j'ai déposé pour l’appel à projets relatif à la création d’une ou plusieurs maquette(s) ou carton(s) destiné(s) à l’exécution d’un tissage par mise en œuvre de la technique de la tapisserie d’Aubusson, en juillet 2011 (Syndicat mixte de la Cité internationale de la tapisserie et de l’art tissé) Ils n'ont pas été retenus pour la sélection. Ils deviennent donc libres dans leur usage pour mon travail artistique. J’ai créé, dessiné, un ensemble de fantômes colorés, dont les pixels forment des mouvements avec un potentiel de myriades d’interprétations d’êtres revenants. De ces réalisations singulières, uniques, je les ai rassemblées les unes à la suite des autres comme une petite armée, sur une frise. J’ai conçu ces formes afin qu’elles puissent être de plus grandes dimensions et s’adapter à l’art tissé. Cette famille de graffitis semble vouloir se tisser dans des couleurs arc-en-ciel et présente des indivi/dualités singulières (symétriques, en miroir), toutes originales, uniques. Fantasma, en portugais, espagnol, italien, se traduit en français par fantôme. Cette superposition de mots et de sens est très intéressante. Dans l’esprit du fantasma, cela peut être une créature immatérielle ou imaginaire, une chose que l’on croit voir. Que ces carrés de pixels venus de l’immatériel, de l’écran, se tissent avec des fils selon une tradition ancestrale, me semble correspondre à ces fantômes qui hantent ces techniques. Car l’ancêtre de l’ordinateur est bien le métier à tisser. Cette proposition quasi animée, en mouvement, n’est pas sans humour, car l’esprit de ces fantômes, se déplace, se meut, et est de toute évidence, extraordinaire. Ces fantasmes sont des hallucinations, des illusions. Ces apparitions orgasmiques, fantasmagoriques sont mé/tissées. Au niveau formel, je me suis inspirée du test de Rorschach, un outil clinique et psychologique, projectif, inventé par le psychiatre Hermann Rorschach en 1921, qui consistait à proposer à la libre interprétation une série de planches de taches symétriques au sujet afin d’analyser sa personnalité. Il y a dans les réponses, plusieurs déterminants dont la kinesthésie. C’est ce qui m’intéressait pour cette œuvre d’art tissé et sa thématique, la tapisserie à l’ère du mouvement. Le terme de kinesthésie recouvre les réponses où le sujet a vu un mouvement, par la forme perçue (« ici je vois un bonhomme qui danse ») ou bien perçu de manière abstraite (« ça tourbillonne ») On distingue les kinesthésies humaines (où le mouvement appartient à un sujet humain ou parahumain) et les kinesthésies mineures (animales ou abstraites) Dans cette proposition, les fantômes ressemblent parfois à des extraterrestres, des engins, ou à des bêtes animales, des masques antiques. Fantasma, si je m’attache au portugais, peut correspondre au « joujou », au jouet, au petit. Ces miniatures, ces micromonstres prennent forme à grande échelle. Ces signes chimériques et symétriques oscillent entre la figuration et l’abstraction, le dessin animé. Alignés et fiers comme une armée de petits guerriers carnavalesques, de masques/miroirs. Je souhaite poursuivre ce projet d'armée pour d'autres adaptations. À suivre... |