Magic-ring

Capture d'écran des différents projets du site collectif Magic-Ring /Octobre 2012


http://www.magic-ring.net



L'anneau magique est un ensemble de sites Internet d'artistes liés les uns aux autres sous la forme d'un anneau, de manière totalement décentrée et transparente. Issu du Web des années 90, ce format appelé autrefois Webring (« anneau du Web ») a été exhumé et repensé dans son mode de navigation à l'occasion d'un projet de recherche mené en école d'art en France et à l'étranger. Naviguer au sein de cette communauté requiert un geste magique : tourner la souris dans le sens des aiguilles d'une montre pour afficher la carte de l'anneau.Dans l'imaginaire collectif l'anneau symbolise le lien et la communauté. Il est le signe d'une alliance ; de deux êtres (la bague au doigt), de familles conjuguées (les nœuds borroméens) ou de continents (les anneaux des jeux olympiques). L'anneau réunit en même temps qu'il isole en scellant une union, un emblème radial et radical. La force de l'anneau est donc controversée, capable du meilleur et du pire. L'idée de communauté traverse l'histoire d'Internet et porte en elle cette ambivalence en étant associée à des projets pharaoniques et philanthropiques (le logiciel libre) mais aussi au complot (la fomentation des attentats du 11 septembre). Aujourd'hui, l'idée de communauté sur Internet est incarnée par les réseaux sociaux du Web 2.0. Ce n'est ni un rêve ni un cauchemar mais un commerce qui transforme les liens hypertextes et les liens humains en produits monnayables. À l'inverse de Facebook, Twitter et consorts qui capitalisent les ressources des utilisateurs sans garantir de savoir les préserver mais en se réservant le droit d'en garder une copie pour de futurs investissements, l'anneau magique n'héberge rien, demeure invisible et confie son destin au hasard.

L'anneau Magique


Les participants : Amandine Ansart, Emma Babakhanyan, Iain Ball, Paul Bardet, Margaux Berrard, Nicolas Delliac, Elna Frederick, Esfida Galstyan, Françoise Gamma, Céleste Grant, Edward Hambardzumyan, Beno Karapetyan, Kiwaïda, Larchtmissthe, Ninon Lemonnier, Liis Lillo, Liza Maignan, Louise Mariotte, Aloÿse Mendoza, Léa Mercier, Louise Moraldy, Mélanie Muratet-Campos,Christelle Nisin, Thibault Poujol, Julie Saclier, Anuk Sargsyan, Arax Sargsyan, Marine Semeria, Laura Rives, Jane Ter-Zakaryan.

En savoir plus :

Lire le texte : La pêche à l'anneau en français et en anglais : Ring catching

"Au cours de la création de ce projet, nous (artistes, professeurs, étudiants) avons cherché en quels termes évoquer les œuvres d’art à l’heure d’Internet. Le texte suivant découle de nos réunions hebdomadaires et témoigne des idées qui en ont émergées. Internet s’avère incontournable pour comprendre le monde aujourd’hui ; non qu’il faille absolument être sur Internet mais qu’en saisir les enjeux permet de comprendre où nous vivons et les contradictions qui nous entourent. Nous nous sommes penchés sur un large spectre d’œuvres, qu’elles soient numériques ou non, dans leur propension à voyager par le biais d’Internet et des réseaux."

Plus excatement, ce nous, c'est en partie moi, Sonia Marques, artiste et professeur à l'École Nationale Supérieure de Limoges et Étienne Cliquet, artiste professeur à l'Institut Supérieure des Arts de Toulouse. Nous avons élaboré un projet de recherche dans le cadre de nos écoles respectives et nous l'avons présenté ensemble lors du forum national des écoles supérieures d'art et d'un colloque international à l'initiative du ministère de la Culture et de la Communication les 8, 9 et 10 février 2012 à l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Paris-Belleville. Nous avons travaillé avec les étudiants de Limoges et de Toulouse et étions soutenus par le directeur toulousain Michel Métayer. Une autre association s'est ajoutée à ce projet, lors d'un séjour prévu d'Étienne Cliquet à l’Open-University de Yerevan en Arménie, avec avec la participation des étudiants de Marianna Hovhannisyan (dont le projet en capture ci-dessus se nomme "The city of rings") Bruno Nadeau et Fabrice Lapeyrère ont été les programmeurs en informatique qui nous ont accompagné sur ce projet. L'un pour la programmation du site Internet collectif et à distance (Canada), l'autre pour des workshops avec les étudiants et le suivi de certains de leurs projets à l'ISDAT de Toulouse. J'ai réalisé quelques dessins figuratifs comme l'Atlas (décrit ci-dessus en capture, et présenté en bas de cette page) et les poissons du textes "La pêche à l'anneau". Nous avons orienté et conçu le design de l'interface avec les faisabilités techniques de la programmation.

Christophe Bruno, artiste et commissaire à l'espace virtuel du Musée du Jeu de paume à Paris, organisait sa dernière exposition nommée "Form@t", en collaboration avec Samuel Tronçon et Chrystelle Desbordes du 16 mars – 22 octobre 2012. Magic-Ring a fait partie de cette exposition.
Avec Christophe, nous avons fait une session dans le Sud de sélection des travaux des étudiants, dont la majorité suivait le cours régulier d'Étienne à Toulouse. Les rares étudiants limougeauds ont pu assister aux workshops dans le Sud, et l'une des étudiantes, Amandine Ansart, a pu préparer et participer à la conférence officielle donnée au public et programmée par la directrice du Musée, avec nous. Toutes les étapes étaient en partie pédagogiques et professionnelles, nous avons invité plusieurs artistes de nationalité différentes et échangé avec eux. Certains ont répondu favorablement à l'intégration ou l'invention d'une pièce pour l'anneau magique, Françoise Gamma, Iain Ball, Elna Frédérick... et Kiwaïda ;.) Ainsi les pièces des artistes et des étudiants se jouxtent dans l'anneau. Les données ne sont pas capitalisées par l'anneau magique, chaque auteur est responsable de son site Internet et décide d'être hors de l'anneau ou de concillier celui-ci. Cette idée du Webring, de ce format spécial des années 90 que l'on trouvait sur la toile, a été ré-interprété et envisagé ici comme un anneau, un signe de rencontre à un moment donné, de réunion, de convocation : une exposition virtuelle dont les participants forment une chaîne... sécable.

Intitulé de l'exposition Form@t :

"L’exposition « Form@ts » s’intéresse à l’émergence, l’obsolescence et l’import-export des concepts et des formes artistiques, dans le contexte du réseau Internet. Elle propose des projets artistiques qui sont chacun représentatifs de la question du format, non pas en tant que forme figée, mais au contraire, en tant que représentation d’une hybridation, d’une friction entre plusieurs formes, souvent importées d’autres champs de la représentation et du savoir. En effet, les propositions artistiques réunies dans cette exposition sont le résultat du croisement de différents médiums, contextes et formes, comme en témoignent leurs noms « web-ring », « live-coding ». Parfois encore, l’œuvre ne sera pas associée à un format en tant que tel, mais à un défaut, un « bug » structurel, en bref, à un « effet de bord » (« Side Effect »), faisant ainsi référence au titre du cycle. En s’interrogeant sur les effets de bord et les frictions plus ou moins explicites des formats des œuvres présentées, le projet curatorial « Form@ts » essaiera de mettre en question un jeu dystopique et ironique, ainsi qu’une vision kafkaïenne contournant les us et coutumes du monde de l’art : en marge de l’exposition, un dispositif de recherche expérimental de « curating assisté par ordinateur et de gestion des risques artistiques », ArtWar(e), est en cours d’élaboration."



Une conférence au Musée du Jeu de Paume à eu lieu le 11 avril à écouter ici, avec, dans l'ordre de passage, Christophe Bruno, commissaire de l’exposition, Samuel Tronçon, philosophe, Étienne Cliquet, artiste et professeur à l'Institut Supérieur des Arts de Toulouse, Sonia Marques, artiste et professeur à l'École Nationale Supérieure des Arts de Limoges, Amandine Ansart, étudiante à l'École Nationale Supérieure des Arts de Limoges, Chrystelle Desbordes, historienne de l'art et critique d’art, professeur à l'École Supérieure des Beaux-Arts de Tarbes.




Sur le blog BMK, plusieurs articles ont été écrits sur le processus de Magic Ring :

Sur le site Internet

Un atelier de dessins à dessein

L'article paru dans le journal Libération du 24 et 25 mars, intitulé, "le cercle des artistes apparus"

Les poissons dessinés pour le document La pêche à l'anneau (Ring catching en anglais) à télécharger

La vidéo que j'ai réalisée "Ghost blue indian ringneck and magic black hat"

 




J'avais mis en place un blog secret afin que les étudiants puissent écrire et publier des articles et l'avancement de leur projet que nous avions nommé "Anneau de poussière". Chacun des participants avait une session administrative personnelle. Par ordre d'inscription, chacun des participants prenait le nom d'une poussière numérotée (poussière 0, poussière 1, poussière 2, poussière 3, etc.) Ainsi celles et ceux qui postaient un article étaient des poussières et chaque article signé du numéro de la poussière. Le jeu de l'anonymat rendait finalement les numéros très attachants et singuliers, voir reconnaissables. De novembre 2011 à avril 2012, date de l'exposition en ligne et la sortie du site, le blog fut actif. Le nom était en référence à la photographie de Man Ray de"l'élevage de poussière" de Marcel Duchamps (1920) Le procédé ici de la lenteur (3 ans pour l'élevage de poussière) fut inversé, car Magic-Ring fut extrêmement rapide (laboratoire, recherche, enseignement, workshop, création individuelle et collective, programmation, publication, exposition, diffusion, conférence, article de presse) en quelques mois, anticipant même la disparition, voir l'impossibilité d'en garder une trace matérielle.




 


© Sonia Marques - 2012