Vancouver lovers
_______________________________________________________________ Extrait du texte de la recherche Lover (anglais) n. Amant Amoureux They are lovers : Ils ont une liaison Lover (français) v. (de l'allemand lofen, tourner) en marine : enrouler en spirale se lover : s'enrouler sur soi-même Vancouver n . Port du Canada (Colombie britannique) sur le détroit de Géorgie et près de l'embouchure du Fraser, en face de l'île de Vancouver, au nord de la frontière avec l'Etat de Washington (Etats-Unis). 1 500 000 habitants. Couver (français) v. (Du latin cubare, être couché) Entourer quelqu'un de soin attentifs. Nourrir en secret, préparer. couver des yeux, regarder avec affection ou convoitise v.i. être latent, prêt à éclater : feu qui couve, complot qui couve Ils ont une liaison Ils s'enroulent sur eux-mêmes Ils s'entourent de soin attentif Ils nourrissent en secret Ils préparent Ils regardent avec affection Ils regardent avec convoitise Ils sont latents prêts à éclater Ils couvent quelque chose Qui sont-ils ? Les amants Cartographie sensible d'une île canadienne Vancouver se retrouve être le lieu de toutes les découvertes, les sensations. L'installation est la représentation d'un langage en aparté, isolé du reste du monde, l'idée d'une île canadienne. "Vancouver Lover" c'est l'utopie de représenter un monde sensible, la totalité de ce qui à cet instant s'accrochait sur le film sensible de la pellicule photographique. C'est une utopie d'une totalité, car on ne peut que représenter une partie de la totalité. Mais elle se limite en un grand ensemble comme les ensembles de mathématiques. C'est un miroir sensible, un écran écaillé, kaléidoscopique de la ville de Vancouver pénétrant dans l'intimité des voyageurs, et eux en immersion dans cette île-monde. Il y a comme la représentation d'un impossible. Tout essaie de se rassembler là où la logique voudrait qu'on sépare tout. Pourtant une logique se trame dans cet ensemble. Il serait programmé que les bleus soient ensembles, que les verts découlent des bleus, avec des jaunes pas très loin car du bleu mélangé au jaune cela donne du vert. Nous sommes en face d'une grande palette de couleur, où les photographies sont le pigment même du tableau. Mandala de Vénus
En tibétain, Mandala se dit "kyil-khor", ce qui veut dire à peu près centre-périphérie. Tout cercle se compose d'un centre et d'une périphérie. Alors que le pourtour est perceptible par les sens et se définit dans le temps et l'espace, le milieu, le centre reste un mystère - intemporel, sans espace, échappant à toute représentation. Dans le bouddhisme tibétain, ce milieu mystérieux représente le commencement et la fin de tout ce qui est. Avec son langage imagé, le mandala est donc une carte géographique pour la compréhension de l'univers et en même temps du paysage intérieur de l'âme humaine. Diagramme cosmique peint sur une toile ou composé de sable coloré, le mandala constitue parfois aussi un motif architectural. Le mandala sert de support au méditant, il est une représentation pure de notre nature profonde. Dans le monde-matrice de "Vancouver lover" il n'y a pas de centre défini au milieu de sphère élliptique dont le mandala est pourvu, décrit comme un monde de diamant mais ce monde représenté est à lui seul un centre à facettes proposant des combinaisons variées, d'associations provisoires et imaginaires, voire illusoires. "Vancouver Lover" évoque un souvenir de bonheur qui lui-même ne peut se réduire à "Vancouver Lover" invoquant sa fugue dès le premier regard, se dérobant à sa comtemplation. Pêle-mêle
On peut penser au pêle-mêle de photos, popularisé dans les familles : "Le pêle-mêle permet de grouper plusieurs photos, cartes, peintures dans un seul cadre. C'est agréable à regarder." Dit la définition. Sauf que dans ce pêle-mêle géant, mélimélo, capharnaüm, fouillis, fourbi, où il est impossible de se reconnaître, de rien distinguer, en général, ici, point de généralité et le classement est rigoureux, par la couleur. On y distingue bien deux figures, féminine et masculine, d'une vingtaine d'année, que l'on suit à travers des activités quotidiennes presque banales, si ce n'est l'utilisation de la couleur et de sa juxtaposition. Monade
On pense alors à la monade, plus philosophique que le pêle-mêle, ou le mélo, car la monade relève de la métaphysique et signifie, étymologiquement, « unité », l'unité parfaite qui est le principe absolu. On retrouve alors cet effet de miroirs photogéniques (les paysages, les piscines, les amants...) car la notion de monade évoque un jeu de miroirs entre l'Un, la Monade comme unité maximale, et les monades, les éléments des choses ou les choses en tant qu'unités minimales, reflets, de l'Un. La science des monades s'appelle « monadologie » (ce néologisme vient de Leibniz) "Vancouver Lover" est un peu cette monade, un tout avec sa propre intériorité, on ne peut y accéder ou en sortir. Lorsque je faisais la deuxième exposition de "Vancouver lovers", début 1998, dans la ville-même (la première était collective, fin 1997) avec Étienne Cliquet à la galerie Dynamo (il exposait "Activities", plusieurs bombox à K7 où l'on pouvait écouter au casque ses enregistrements effectués dans la ville, face au grand mur d'images des photographies de "Vancouver Lover") il me disait que mes photos n'avaient ni portes ni fenêtres (elles étaient à même le mur, sans cadre et se chevauchaient, passant des vues de paysages, miroirs de la ville de Vancouver, à des intérieurs et de celle de l'intimité d'un couple) Pour reprendre la monade de Leibniz, Deleuze, autre philosophe, dans son livre, Le Pli, explique, que le pli a toujours existé dans les arts et que le propre du Baroque est de porter le pli à l’infini. Si la philosophie de Leibniz est baroque par excellence, c’est parce que tout se plie, se déplie, se replie. Sa thèse la plus célèbre est celle de l’âme comme "monade" sans porte ni fenêtre.
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